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SUSPENSION DES EXPORTATIONS D’ARACHIDE AU SÉNÉGAL : Un coup de pouce pour l’économie locale
Pour la campagne 2024-2025, le Sénégal a décidé de suspendre l’exportation de graines d’arachide afin de favoriser le marché local et de renforcer la sécurité alimentaire. Cette mesure suscite un débat : d’un côté, les exportateurs redoutent une perte de revenus, de l’autre, les autorités espèrent que cela stimulera la transformation locale et la création d’emplois.
Innocent AGBOESSI
Coup de théâtre dans la filière arachidière sénégalaise ! À partir du 15 novembre 2024, les exportations de graines d’arachide seront interdites. Cette décision, prise par le ministère de l’Agriculture, vise à favoriser les acteurs locaux et à dynamiser l’économie nationale. Mais cette mesure est loin de faire l’unanimité.
Depuis des années, l’arachide occupe une place centrale dans l’économie sénégalaise, tant au niveau national qu’international. En 2024, le gouvernement avait exceptionnellement autorisé les exportations de septembre à novembre, permettant aux opérateurs de profiter des marchés étrangers. Mais après cette courte période, le Sénégal suspend désormais toute exportation pour l’ensemble de la campagne 2024-2025, avec pour objectif d’éviter le chevauchement avec la commercialisation locale.
Les autorités affirment que cette décision permettra de maintenir un approvisionnement stable pour les transformateurs locaux, essentiels pour la production d’huile, de pâte d’arachide et d’autres dérivés consommés dans le pays. Ce choix pourrait donc répondre à la volonté de renforcer la souveraineté alimentaire et de maximiser les retombées économiques internes.
Cette interdiction découle d’une stratégie nationale visant à préserver les stocks pour le marché local et à encourager la transformation sur place. Face à une demande mondiale croissante et à la montée des exportations, les autorités ont observé un déséquilibre qui fragilise les réserves locales. L’objectif est de sécuriser les approvisionnements nationaux et de donner un coup d’accélérateur au secteur local de la transformation.
Cette suspension d’exportation aura des répercussions pour les exportateurs, qui déplorent une perte d’accès au marché international, source de revenus importants. Cependant, elle présente des avantages pour les transformateurs locaux, qui pourront profiter d’un approvisionnement plus stable. À long terme, cette mesure pourrait permettre de stimuler la transformation industrielle de l’arachide au Sénégal, créant de nouveaux emplois et apportant une réelle plus-value économique.
Pour apaiser les tensions avec les exportateurs, le gouvernement pourrait proposer des subventions pour soutenir les opérateurs touchés ou encourager des partenariats entre les exportateurs et les industries locales de transformation. En parallèle, des programmes de renforcement des capacités dans le secteur de la transformation pourraient permettre aux acteurs nationaux de développer des produits à haute valeur ajoutée et de renforcer la compétitivité de la filière arachidière.
L’interdiction d’exportation d’arachide au Sénégal est une décision qui pourrait transformer durablement le paysage économique du pays. En misant sur la transformation locale et la sécurité alimentaire, le Sénégal s’inscrit dans une dynamique de développement durable, tout en cherchant à limiter sa dépendance aux marchés étrangers. Reste à voir si cette politique audacieuse saura répondre aux attentes des différents acteurs de la filière.