PROTECTION DES OCÉANS : Un enjeu mondial joué sous la surface
FILIERES MIL ET RIZ AU NIGER : Le gouvernement suspend l’exportation jusqu’à nouvel ordre
Le Ministre du Commerce nigérien a décidé de l’interdiction, et ce, jusqu’à nouvel ordre, de l’exportation de certaines céréales de base notamment le mil, le riz paddy et le riz blanchi. Selon le gouvernement, cette mesure vise à assurer l’approvisionnement régulier du marché national. L’annonce a été rendue publique ce mardi 25 juillet 2023.
Yélian Martine AWELE
Cette décision d’interdire l’exportation de certaines céréales de base notamment le mil, le riz paddy et le riz blanchi au Niger fait suite à un arrêté daté du 21 juillet 2023. Elle s’inscrit dans un contexte régional et mondial marqué par l’inflation à grande vitesse des prix alimentaires avec la décision de la Russie de suspendre l’accord sur les exportations ukrainiennes de céréales et surtout celle de l’Inde relative à l’interdiction de l’exportation du riz sauf le « Basmati ». Des chocs exogènes qui s’ajoutent à des incertitudes sur la campagne agricole nationale avec les effets du changement climatique ainsi que les menaces sécuritaires qui affectent plusieurs zones productives du pays. Dans son communiqué, le ministre du Commerce a précisé que « les agents du Ministère du Commerce, les agents des douanes, les forces de défense et de sécurité, sont habilités à constater et réprimer les infractions aux dispositions du présent arrêté conformément aux textes en vigueur ».
Ainsi, à l’instar de plusieurs autres pays de la sous-région comme le Burkina ou le Bénin, le gouvernement nigérien a décidé de prendre des mesures pour juguler tout risque d’inflation des produits alimentaires. Jusque-là, et malgré la hausse des prix qui a atteint 12% l’année dernière dans l’espace UEMOA, le Niger a été relativement épargné par l’inflation galopante sous-jacente des produits alimentaires constatée dans certains pays comme le Ghana (près de 40% en 2022) ou dans une moindre mesure la Cote d’Ivoire ou le Sénégal où, l’année dernière, des mesures de soutien à travers des subventions et un mécanisme de fixation et de contrôle des prix, ont dues être prises pour contenir l’augmentation des prix des produits de base. Il faut dire qu’en plus de la crise alimentaire et nutritionnelle à laquelle le pays est doublement confronté, et qui s’amplifie en cette période dite de « soudure », le contexte international ne s’annonce pas de bons auspices pour les prochains mois qui viennent avec plusieurs incertitudes.
La semaine dernière, la Russie a en effet décidé de suspendre l’accord sur les exportations ukrainiennes et le 20 juillet dernier, le gouvernement indien a annoncé l’interdiction les exportations de riz blanc non basmati, dans le but de freiner l’inflation de cette denrée essentielle, dont le pays est le premier exportateur dans le monde. Depuis, les prix du riz ont commencé à augmenter et même si les importateurs nigériens peuvent se rabattre sur d’autres pays fournisseurs notamment du riz comme la Thaïlande, le Vietnam, ou même la Russie, les conditions sur les marchés internationaux sont des plus défavorables avec la hausse du cours de l’engrais. Au plan intérieur, il y a également une campagne agricole sujette aux caprices des effets du changement climatique (avec des risques de sècheresse et d’inondation) mais aussi aux menaces sécuritaires dans certaines zones importantes de production agricole comme Tillabéry, Diffa ou Maradi.
Il faut noter qu’avec une production annuelle moyenne de 3,5 millions de tonnes, le Niger est le deuxième pays producteur du mil en Afrique après le Nigeria. La culture du mil dans le pays occupe près de 65% de la superficie emblavée, ce qui en fait les premières céréales cultivées au Niger. Pour ce qui est du riz, la production rizicole en 2022 a été estimée à 149 626 tonnes soit près de 150 000 tonnes de paddy selon des statistiques de la Direction de la promotion des chaines de valeurs agricoles du Ministère de l’Agriculture. Un tiers de cette production locale est autoconsommé, le reste étant majoritairement commercialisé par le circuit traditionnel et transformé en riz décortiqué artisanalement, ce qui fait que 80% des besoins du pays en riz sont couverts par les importations selon les estimations officielles.