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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

Lutte agroécologique dans les filières mangue et anacarde au Bénin : Des universitaires réfléchissent à une alternative aux pesticides chimiques

 Lutte agroécologique dans les filières mangue et anacarde au Bénin : Des universitaires réfléchissent à une alternative aux pesticides chimiques

Les agrosystèmes de mangue et de cajou au Bénin font aujourd’hui face à des menaces de ravageurs, ce qui constitue un manque à gagner tant pour les producteurs que pour les autres acteurs des chaînes de valeur de ces deux filières. Malgré les projets mis en œuvre par divers organismes, le problème persiste. Au cours d’un atelier organisé à Dassa-Zoumè du 11 au 13 mars dernier, des universitaires se sont penchés sur la question et ont émis des pistes de recherche qui pourraient faire l’objet d’un projet.

Cédric Joawo BAKPE

Dans les agroécosystèmes de mangue, plusieurs plantes sont associées aux manguiers et des haies sont utilisées autour des vergers de manguiers. Les mouches des fruits et les charançons de la mangue sont les principaux ravageurs de la mangue et causent des dommages aux fruits, compromettant leur qualité et réduisant la production. Les fourmis sont des prédateurs potentiels des mouches des fruits et d’autres arthropodes tels que les araignées, les perce-oreilles et les coléoptères peuvent agir en tant que prédateurs généralistes des ravageurs de la mangue. De même, plusieurs insectes ravageurs causent des dommages aux arbres à noix de cajou. Les dégâts causés par ces nombreux insectes, en particulier les foreurs de tige, les mineurs de feuilles, les punaises et les thrips, ont un effet négatif sur le rendement des arbres à noix de cajou. La baisse du rendement des noix de cajou causée par une infestation de punaises et de thrips est souvent observée. Pour répondre à ces problèmes, des universitaires se sont réunis pour discuter de l’impact de la diversité végétale et de la complexité des habitats sur la biodiversité des arthropodes et la régulation des ravageurs dans les agroécosystèmes de cajou et de mangue au Bénin. Selon Dr Anicet DASSOU, Enseignant chercheur à l’Ecole nationale supérieure des biosciences et biotechnologies appliquées de Dassa-Zoumè, « l’idée derrière l’atelier est de voir ensemble avec un certain nombre de chercheurs comment concevoir des systèmes de culture à base d’anacardiers et de manguiers pour faciliter la régulation naturelle des ravageurs de ces systèmes au lieu de recourir à l’utilisation abusive des pesticides chimiques, nuisibles pour la santé et l’environnement ». Les différentes présentations ont principalement porté sur la rentabilité économique de ces systèmes de cultures et sur les différentes théories utilisées en écologie pour expliquer comment la diversité des plantes et la complexité du paysage pourraient contribuer à réduire naturellement les dégâts des ravageurs.

La mangue et l’anacarde : deux filières à forte potentialité économique

La noix de cajou est une culture commerciale importante qui attire plusieurs agriculteurs et entrepreneurs. Selon Dr Florence ANATO, spécialiste en protection des cultures du laboratoire d’entomologie agricole à la faculté des sciences agronomiques de l’université d’Abomey-Calavi, ces deux filières ont été prises en compte en raison de leur place prépondérante dans le programme d’actions du gouvernement : « l’anacarde est prisé et exporté, la mangue aussi prend de la valeur et l’exportation de la mangue commence à être envisagée », a-t-elle spécifié. Le constat est que les chaînes de valeur de ces deux cultures présentent de grands défis. « Parmi les chaînes de valeur au niveau local qui se sont développées au sein de la filière anacarde, ce sont les détaillants qui bénéficient le plus. Les producteurs ont toujours une part modeste », a constaté Dr Silvère TOVIGNAN, Agroéconomiste et Enseignant chercheur à l’Université de Parakou. En ce qui concerne la filière mangue, de grandes pertes sont observées au niveau des champs. « Notre part de responsabilité en tant que chercheurs est de travailler pour réduire ces problèmes », indique l’universitaire.

Des questions de recherche formulées

Après trois jours de travaux, les forces, faiblesses, opportunités et menaces de la production de mangue et de noix de cajou ont été identifiées. À partir des menaces, « les universitaires ont émis de nombreuses idées sur les différentes approches qu’ils pourraient aborder dans un grand projet », a fait savoir Dr Anicet DASSOU. De plus, « nous envisageons de développer des technologies axées sur l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle pour surveiller les ravageurs de ces agrosystèmes », va compléter Dr Charlemagne GBEMAVO, Biosatisticien.

Le développement de ces nouvelles approches offre de nouvelles perspectives pour le développement de mesures durables de surveillance des ravageurs dans les systèmes, ce qui permettra aux producteurs de bénéficier pleinement des fruits de leur travail et de fournir aux agro-industries des produits de qualité.

 

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