LUTTE CONTRE LES MOUCHES DE FRUITS: Les fourmis tisserandes, la solution salvatrice pour des mangues saines
Au Bénin, plus précisément dans l’Atlantique, le Zou et le Couffo, départements réputés dans la production des fruits, la période des mangues ne passe pas inaperçue. C’est une période au cours de laquelle, il est observé d’énormes pertes de production de mangues sous l’effet ravageur des mouches. Ainsi, les arboriculteurs de la filière mangue, éprouvent d’importantes difficultés à gagner des revenus en raison des ravages des mouches de fruits. Ces dernières infectent une grande quantité de mangues, estimée à plus de la moitié de la production alors, les fourmis tisserandes se trouvent être la solution salvatrice.
Par Megan Valère SOSSOU
Alors que la production arboricole fruitière émerge de plus en plus dans le monde avec des revenus assez importants, le Bénin peine à se positionner bien qu’il dispose du potentiel en matière de production arboricole particulièrement la production des mangues. Et pour cause, les mouches ravagent une grande quantité de la production de mangues.
En effet, une étude menée dans le cadre du projet régional WAFFI (West Africans Fruit Fly Initiative), piloté par le Centre International pour la recherche Agricole pour le développement (Cirad) et l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA) révèle que les fourmis tisserandes sont efficaces pour lutter contre les mouches de fruits, responsables d’énormes dommages. Les chercheurs indiquent que les mouches de fruits détruisent des centaines de tonnes de mangues et autres fruits chaque année dans la région ouest africaine. Il a été détecté particulièrement au Bénin en 2004 comme la plus redoutable en termes de ravage, l’espèce Bactrocera invadens, originaire du Sri Lanka. Elle s’est répandue depuis dans toute l’Afrique de l’Ouest, et les vergers des planteurs de manguiers, sans moyens de contrôle efficaces au début de l’invasion, se sont vus attaqués. Selon Jean-François Vayssières, biologiste et entomologiste, responsable du dit Projet régional de lutte contre les mouches des fruit, infestent les fruits en pondant des œufs à l’intérieur du fruit, créant des tâches noires à partir desquelles commencent, au bout de quelques temps, à la fois le développement des larves et la pourriture du fruit qui devient impropre à la consommation.
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Ces ravageurs nuisibles consomment, chaque année, au détriment des producteurs, la moitié de la campagne fruitière. Une réalité que confirme l’arboriculteur Basile Degnissode de la commune de Klouekanmè, pour qui les mouches de fruit créent des manques à gagner dans son activité de revenu. Chaque année dit-il, plus de 4 tonnes de mangues sont jetés à la poubelle parce que infectées par les mouches de fruits. Même son de cloche au niveau du sieur Ablessou qui avoue avoir entendu parler du rôle combatif des fourmis tisserandes dans la lutte contre les mouches de fruits. En effet, au cours de ces dernières années, les chercheurs du Cirad et de l’IITA ont mis au point un ensemble de techniques de lutte biologique contre ces ravageurs primaires et de quarantaine. Il s’agit des fourmis tisserandes qui ont un effet répulsif sur les mouches des fruits.
Prédation et répulsion : les deux atouts des fourmis tisserandes qui sauvent les fruits
Selon les scientifiques, les fourmis développent des stratégies efficaces pour chasser en groupes sur le feuillage des arbres, mais aussi sur le sol au pied de l’arbre sur lequel elles nichent, et capturer les insectes qui s’y trouvent. Les chercheurs ont d’ailleurs constaté, dès les débuts de leurs travaux, que les manguiers où de nombreux nids étaient installés, portaient des fruits nettement moins attaqués par les mouches que les autres. C’est dire que les fourmis tisserandes ont un rôle indéniable dans l’amélioration de la qualité des fruits, de la mangue en particulier. Leur présence dans l’arbre augmente la concentration en sucre des fruits, réduit leur acidité et améliore leur qualité microbiologique. Elles colonisent fréquemment les vergers de manguiers. Elles ont la particularité de construire des nids arboricoles en « tissant » entre elles les feuilles des arbres avec les fils de soie produits par leurs larves. Ce sont aussi de féroces défenseurs de leur territoire, prêts à combattre tout intrus.
Il est vrai que les mouches des fruits occasionnent des pertes considérables dans les vergers d’Afrique de l’Ouest en particulier au Bénin. Mais avec les fourmis tisserandes, les producteurs de mangues au Bénin disposent désormais d’un arsenal complet de moyens pour lutter contre les ravageurs de leurs vergers pour produire des fruits de qualité aux consommateurs. Les producteurs de mangues ne peuvent donc pas se passer de cette solution salvatrice qu’offrent les fourmis tisserandes, devenues importantes dans la lutte contre les mouches de fruits.
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