PRÉCARITÉ AGRICOLE ET GENRE : La nécessité de comprendre et d’agir face aux inégalités de genre et à la précarité dans l’agriculture
La situation précaire des agriculteurs et agricultrices ainsi que les inégalités de genre sont étroitement liées. Elles jouent un rôle majeur dans les différences et les opportunités au sein du secteur agricole. Ce qui influence parfois négativement la réalité des hommes et des femmes travaillant dans l’agriculture et qui entrave l’autonomisation effective de la gent féminine.
Ruth EDOH
La précarité agricole fait référence à la vulnérabilité économique et sociale à laquelle de nombreux agriculteurs et agricultrices sont confrontés en raison de plusieurs facteurs tels que les variations des prix des produits agricoles, les changements climatiques, les difficultés d’accès aux ressources et aux services, ainsi que les obstacles pour entrer sur les marchés. Les petits exploitants agricoles sont beaucoup plus touchés par cette précarité, car ils disposent de ressources limitées pour faire face aux défis économiques et environnementaux.
De l’autre côté, le genre concerne les rôles, les comportements, les activités et les attentes socialement attribués aux femmes et aux hommes. Dans le domaine agricole, les rôles traditionnels de genre ont souvent assigné aux femmes des responsabilités telles que la gestion des tâches domestiques, la production de denrées vivrières et les récoltes, tandis que les hommes sont beaucoup plus impliqués dans la gestion des cultures commerciales et les stratégies de prise de décisions. Ces réflexions contribuent à une répartition inégale du travail et des ressources, ce qui renforce les inégalités de genre. Elles mettent en évidence les défis complexes auxquels sont confrontés les agriculteurs et agricultrices, en particulier les femmes.
De manière disproportionnée, la précarité agricole affecte les femmes, qui jouent un rôle essentiel dans le secteur agricole. Les inégalités de genre dans l’agriculture se manifestent par un accès limité des femmes aux ressources telles que la terre, les semences de qualité, les crédits et les technologies agricoles. En outre, la répartition inégale des tâches, où les femmes assument une grande part de travail non rémunéré en plus de leurs responsabilités domestiques, limite leurs possibilités de générer des revenus. Leur participation limitée aux prises de décisions nuit également à leur influence sur l’orientation de l’agriculture.
Afin de réduire les inégalités et de favoriser des opportunités justes, il est important de mettre en place des approches globales qui tiennent compte des facteurs économiques, sociales et culturelles de ces problèmes. Pour Anselme, consultant en développement rural,
« les politiques et programmes doivent être élaborés en prenant en considération les spécificités liées au genre et à la précarité agricole, tout en encourageant l’autonomisation des femmes et leur rôle renforcé dans le développement rural ».
Les disparités entre hommes et femmes accentuent leur fragilité économique face aux variations des prix et aux crises financières. De plus, les charges de travail plus lourdes et l’accès limité aux soins de santé ont des effets néfastes sur leur bien-être. « Je pensais qu’il n’y aurait pas de difficulté dans le secteur agricole. Je me suis trompé, en tant que femme, je puis dire que c’est difficile pour nous d’être prises en considération dans ce domaine », confie une agricultrice rencontrée à Parakou.
Pour donc parvenir à l’autonomisation des femmes dans le secteur agricole, il serait primordial de faciliter leur accès aux ressources, de les former aux méthodes modernes et à la gestion d’entreprise, et de renforcer leurs réseaux de soutien. Investir dans ces domaines pourrait réduire l’insécurité au sein du secteur, promouvoir un développement rural équitable et durable, et atténuer les disparités entre hommes et femmes.