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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

PRODUCTION DE L’IGNAME AU BÉNIN: Un tubercule fortement célébré dans le mois d’août.

 PRODUCTION DE L’IGNAME AU BÉNIN: Un tubercule fortement célébré dans le mois d’août.

L’igname est un tubercule très cultivé au Bénin, et notamment dans les Provinces de l’Atacora, du Borgou et du Zou. C’est un produit très apprécié qui permet de réaliser de nombreux plats, dont l’igname pilée. Dans ce mois d’août, ce tubercule est très célébré.

Tubercule d’igname

Laure LEKOSSA.
Au Bénin, l’igname constitue le deuxième produit vivrier après le maïs avec une production de plus de 2. 500 000 tonnes et reste l’aliment de base pour une bonne partie de la population. L’igname est un taxon d’espèces essentiellement tropicales qui nécessitent des températures élevées. Ainsi, la germination est optimale entre 25 et 30 °C, alors que des températures inférieures à 15 °C ou supérieures à 35 °C la retardent. La culture de l’igname se pratique avec succès dans des zones où la pluviométrie varie entre 1000 et 1800 mm ; toutefois, il est possible de cultiver l’igname avec une pluviométrie de 600 mm, mais le rendement reste faible. L’igname, pour la croissance végétative et une bonne tubérisation, préfère des sols limono-sableux ou sablo limoneux, ayant une conductivité hydraulique de 15 cm/h. Au-delà des paramètres édaphiques et des facteurs climatiques, les pratiques culturales, notamment le type de cultivar, la densité de plantation, la date de plantation, les adventices, les maladies et ravageurs, sans occulter l’histoire des parcelles et les pratiques paysannes de gestion du sol, ont un effet sur la productivité des ignames. Les facteurs déterminant le choix des variétés d’igname cultivées par les producteurs sont principalement : la qualité culinaire des tubercules, la productivité, la valeur commerciale, la facilité de multiplication, la qualité des cossettes, la précocité de tubérisation, la conservation, la facilité de culture.
Importance du tubercule pour les cérémonies rituelles.
L’igname joue un rôle important dans les rituels tels que les mariages et les fêtes annuelles. Les agriculteurs cultivent l’igname pour leur autoconsommation et génèrent aussi des revenus en commercialisant les surplus. L’igname est donc devenue une culture de rente qui alimente les marchés urbains. L’igname est beaucoup moins sensible aux fluctuations des prix que les céréales lorsque des crises surviennent sur les marchés internationaux. La culture de l’igname contribue donc à améliorer la stabilité du système alimentaire et accroît la prévisibilité des revenus des agriculteurs.
Cependant, si la production d’igname a connu une croissance remarquable depuis quelques décennies, cet accroissement s’explique pour plus des trois quarts par l’augmentation des surfaces. La conséquence est donc le déboisement de milliers d’hectares de formations végétales chaque année. En effet, l’igname étant cultivée en tête de succession culturale, elle est associée aux défriches de jachères de longue durée et il en résulte la disparition d’espaces forestiers et à terme, une dégradation du patrimoine forestier et des sols. Les ignames sont en grande partie autoconsommées. Le reste de la production est destiné à la reconduction de la culture, mais surtout à la vente. Les marchés locaux sont approvisionnés par un circuit court alors que l’approvisionnement des consommateurs de Bohicon et Cotonou est assuré par un circuit long animé par de nombreux agents : producteurs, collecteurs, transformateurs et détaillantes. Si de nombreuses variétés d’ignames sont cultivées, seules, cinq sont commercialisées.
Plantation et matériel végétal
Dans la majorité des cas, l’igname est reproduite de manière végétative : des tubercules entiers ou des fragments de tubercules (semenceaux) issus de la récolte précédente sont plantés pour engendrer une nouvelle plante qui fournira la récolte suivante. Chez les variétés précoces de Dioscorea rotundata, les gros tubercules de première récolte sont réservés à la consommation, tandis que les tubercules de seconde récolte, plus petits, sont utilisés entiers comme semenceaux. Cependant, les secondes récoltes peuvent être insuffisantes, ce qui contraint les agriculteurs à utiliser comme semenceaux des fragments de tubercules de première récolte. Les variétés tardives ne procurent qu’une seule récolte. Si elle est suffisamment fournie en tubercules, les plus petits sont utilisés entiers comme semenceaux. À défaut, on découpe certains tubercules comme matériel de plantation. Dans ce dernier cas, le temps qui s’écoule entre cette découpe et la plantation peut varier d’un à quelques jours, selon la variété. La disponibilité en semenceaux est un important facteur limitant la production. Par conséquent, en période difficile, les paysans peuvent être contraints d’abandonner des milliers de buttes faute de semence.
Les variétés cultivées
Au Bénin, la plantation a normalement lieu en décembre ou en janvier. Des variétés telles que Laboko, Kpouna, Ankploman, Ofegui et Soagoné doivent être plantées dès le début du mois de décembre. Ces variétés sont parmi les premières à arriver sur les marchés, dès les mois de juillet-août ; elles doivent être consommées rapidement en raison de leur courte période de dormance. À l’inverse, certaines variétés locales sensibles à la chaleur, telles que Kodjewé, Gnananbo, Agatou, Baniouré, Kpakouvè où Aloungan doit être plantée profondément et tardivement vers la fin du mois de février, de manière à éviter la pourriture dans les buttes. La date de plantation varie fortement en fonction du début de la saison des pluies, mais aussi de la variété. Afin de conserver le semenceau jusqu’à la plantation, l’agriculteur a recours parfois à un égermage, technique qui consiste à casser la tige germée en cours de stockage. Notons qu’au Bénin, le mois d’août est fortement consacré à ce tubercule. Les natifs de Savalou, cette localité située à près de deux cents kilomètres de Cotonou, la capitale économique du Bénin, célèbrent tous les ans, la fête de la nouvelle igname. Un grand rendez-vous qui mobilise, bien sûr, ceux qui sont concernés par cette culture. Mais en plus, à cette occasion, la ville de Savalou attire du monde. Visiteurs, touristes et autres se déplacent, non pas seulement, à cause des attraits touristiques de cette région, mais c’est aussi le lieu pour ceux qui adorent la vraie igname pillée.

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