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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

PRIX DU HARICOT DE NOUVEAU EN HAUSSE : L’insuffisance des mesures remue le couteau dans la plaie

 PRIX DU HARICOT DE NOUVEAU EN HAUSSE : L’insuffisance des mesures remue le couteau dans la plaie

Malgré les efforts du gouvernement pour réguler les prix des produits de première nécessité, la hausse continue des prix des haricots révèle des lacunes dans les mesures prises. Plusieurs facteurs internes aggravent la situation, selon les vendeuses.

Innocent AGBOESSI

Le gouvernement béninois, à travers un arrêté interministériel du 7 juin 2024, a interdit jusqu’à nouvel ordre, l’exportation des céréales, tubercules et de leurs dérivés, incluant des produits essentiels comme le haricot, le maïs, le manioc et le tapioca. Ces mesures visaient à contrer la flambée des prix de ces denrées sur le marché local. Des sanctions sévères, incluant la confiscation et la vente aux enchères des marchandises exportées illégalement, étaient prévues pour les contrevenants.

Selon Hermione Lassissi, vendeuse ambulante de haricots à Abomey-Calavi, les prix avaient effectivement baissé au début. « Le haricot rouge est passé de 700 FCFA à 600 FCFA et le blanc de 800 FCFA à 700 FCFA, ce qui nous a donné un peu d’espoir », explique-t-elle. Mais cet espoir fut de courte durée. En septembre 2024, les prix des haricots ont de nouveau flambé, atteignant des niveaux encore plus élevés qu’avant. « Le haricot blanc est aujourd’hui à 1200 FCFA et le rouge à 1100 FCFA, alors que, jusqu’à la semaine dernière, on les vendait à 700 et 600 FCFA », déplore Geneviève Ahissou, une vendeuse en gros d’haricot. « C’est incompréhensible. »

Plusieurs causes liées à l’insuffisance des mesures gouvernementales et à la faiblesse de la production locale expliquent cette situation.

Les mesures prises par le gouvernement, bien qu’ambitieuses, se révèlent insuffisantes pour répondre aux véritables défis du marché. Interdire l’exportation n’a apporté qu’un soulagement temporaire. « Ces décisions ne vont pas au fond du problème », affirme une vendeuse d’haricot du marché d’Akassato. En effet, les sanctions prévues n’ont pas réussi à dissuader les spéculateurs ni à contrôler efficacement les prix sur le marché local.

De plus, la supervision des prix reste insuffisante. « Ils prennent des décisions sans venir voir comment ça se passe sur le terrain », regrette Hermione Lassissi. Le manque de suivi sur l’application des prix réglementés et la faible répression des pratiques spéculatives ont contribué à la montée des prix.

Une autre cause majeure de cette hausse est la faible productivité agricole. Les agriculteurs béninois, notamment ceux qui cultivent des haricots, souffrent d’un manque d’accès à des techniques modernes et des intrants biologiques qui permettraient d’augmenter rapidement et efficacement la production. «Je produis aussi le haricot et le vend aussi. Et on nous dit d’utiliser des intrants biologiques, mais personne ne nous forme à cela. Tout cela décourage les producteurs », explique Geneviève Ahissou.

L’agriculture traditionnelle reste dominante et l’absence d’éducation sur des pratiques plus efficaces de culture, comme l’utilisation d’intrants biologiques (engrais naturels, pesticides à base de neem ou de piment), limite les rendements. « Nos champs ne donnent pas beaucoup parce qu’on ne sait pas comment bien utiliser les nouvelles méthodes », ajoute Geneviève.

Pour remédier à cette situation, plusieurs pistes peuvent être envisagées tels que : Former les agriculteurs aux techniques agricoles modernes et à l’utilisation d’intrants biologiques, renforcer les contrôles pour s’assurer que les prix réglementés sont respectés et améliorer la productivité en offrant des subventions aux producteurs pour l’achat d’intrants adaptés.

Des efforts concertés entre le gouvernement, les producteurs et les vendeurs semblent être la clé pour assurer une stabilité durable des prix. Mais la question demeure : le Bénin est-il prêt à s’engager dans cette voie ?

 

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