ENERGIES RENOUVELABLES EN MILIEU RURAL : Les mesures à prendre pour une meilleure accessibilité
CREATION ET PROTECTION DES AIRES MARINES : « Le gouvernement béninois a fait des efforts louables », dixit le Professeur Zacharie SOHOU
Les aires marines sont des zones identifiées pour la préservation de l’espèce marine. En raison de leurs importances écologiques, elles constituent aujourd’hui des solutions pour conserver la biodiversité tout en soutenant le développement durable.
Pouvez-vous vous présenter, s’il vous plaît ?
Je suis Zacharie SOHOU, océanologue pêcheur, enseignant-chercheur et directeur de l’Institut de recherche halieutique et océanologique du Bénin.
Selon vous, que peut-on comprendre par « aires marines protégées » ?
L’aire marine protégée est une zone où l’exercice de la pêche ou de toutes autres activités de la pêche est réglementé. C’est donc le fait de réglementer les activités dans ces zones qui donne naissance au nom « aires marines protégées », et bien sûr dans le domaine marin.
Quel est l’avantage que l’on tire de ces aires marines protégées ?
La création des aires marines protégées présente de nombreux avantages. Il y a la préservation de nos ressources et tout ce qui est lié à l’économie de la zone. Cela signifie que tout ce qui est dans ces zones est protégé, mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas pêcher dans ces zones. On peut le faire à condition que les dispositions mises en place soient respectées. Si on laisse la pêche proprement dite, il y a la reconstitution des habitats, par exemple dans la zone concernée qui est la berge et qui est directement liée aux aires marines. C’est une zone où il y a du sable qui s’accumule. Dans ce cas précis, après toutes les dispositions prises pour que le sable soit ainsi, cette zone peut servir de frayère pour les tortues marines, qui sont aujourd’hui des espèces protégées à l’échelle mondiale. Je pense que les aires marines constituent vraiment un avantage pour elles.
Quels sont les enjeux liés à leur création ?
Nous avons plusieurs enjeux. D’abord, il y a la préservation de nos ressources halieutiques, car dans cette zone qui n’est pas une zone de pêche assez perturbée ou assez mouvementée, les espèces halieutiques arrivent à pondre et à se reproduire dans ces zones, pour ensuite sortir tranquillement et devenir des cibles de pêches ouvertes dans la mer en général. Du point de vue économique, dès que c’est protégé, il y aura beaucoup de poissons dans les alentours. Et si les pêcheurs captent suffisamment de poissons, cela signifie qu’ils vont augmenter leurs bénéfices et leur niveau de vie s’améliorera. Nous avons également le développement de l’écotourisme, qui fera que beaucoup de touristes vont visiter cette zone pour pouvoir observer tout ce qui a été reconstitué. N’oublions pas que si une zone est protégée et qu’on ne fait pas tout de chalutage, cela permettra à la flore marine de se reconstituer. Et dès que la flore se développe, le développement de la faune suit nécessairement.
Il y a un an, le gouvernement béninois a décidé de créer des aires marines à Cotonou et Grand-Popo. Quels sont, selon vous, les défis liés à cela ?
D’abord, il faut souligner que la création des aires marines protégées se fait en deux étapes. Nous avons d’abord l’identification des zones d’intérêts écologiques ou biologiques significatifs. C’est donc l’étape de la caractérisation. Après cela, nous pouvons créer les aires marines protégées, ce qui est une désignation de notre État. C’est un acte que l’État prend pour désigner ces aires marines protégées. Nous devons donc remercier le gouvernement pour cet acte, car l’initiative ne date pas d’aujourd’hui. C’est ce gouvernement qui est arrivé et a pris les deux actes pour désigner les deux aires marines protégées que nous avons actuellement : l’aire marine protégée de DONANTIN et celle de la bouche du Roy. C’est très important, car cet acte que le gouvernement a posé montre au plan mondial à quel point notre gouvernement se préoccupe de l’océan. C’est important surtout parce qu’aujourd’hui, nous parlons de la décennie des océans.
Quelles sont les difficultés liées à ce projet ?
Les difficultés sont nombreuses. Aujourd’hui, après avoir créé les aires marines, il faut chercher à savoir comment les structurer pour pouvoir les gérer correctement, car créer une aire marine ne veut pas dire qu’on ne va pas pêcher. Il reste donc à réglementer la pêche pour pouvoir sauvegarder efficacement la ressource. Nous avons également comme difficulté le comité de gestion qui n’a pas encore été mis en place. Nous avons beaucoup de défis à relever, car après avoir créé les aires marines, il faut assurer une gestion effective et efficace. Et tout ce qui a été recommandé doit être réellement mis en pratique. En outre, le respect des lois et de la réglementation de ces aires protégées est très important, non seulement pour le bonheur de la population, mais également pour notre économie nationale.
Quel est votre mot de la fin ?
Je voudrais inviter les décideurs à travailler vraiment pour la prise de textes, de réglementations et de dispositions nécessaires pour bien gérer ces aires marines. C’est très important. Nous devons encourager les ONG qui font leur travail et appeler chacun d’entre nous à respecter les lois dans ce domaine.