Cancel Preloader

1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

Dr BLALOGOE PARFAIT A PROPOS DU SCHEMA DIRECTEUR D’AMENAGEMENT COMMUNAL

 Dr BLALOGOE PARFAIT A PROPOS DU SCHEMA DIRECTEUR D’AMENAGEMENT COMMUNAL

« Toutes les communes doivent se doter d’un schéma directeur d’aménagement communal »

Faisant partie des outils de la planification spatiale, le schéma directeur d’aménagement communal serait quasi indispensable pour le développement local dans chaque commune. Avec Blalogoe Parfait, Docteur en Géosciences de l’Environnement et Aménagement de l’Espace, nous abordons tous les aspects de ce sujet crucial dont l’importance est assez accrue.

Blalogoe Parfait, Docteur en Géosciences de l’Environnement et Aménagement de l’Espace

LE RURAL: Que pouvons-nous comprendre déjà par planification spatiale ?

Dr Blalogoe Parfait : Quand on parle de planification spatiale, c’est comment gérer les ressources de la nature en rapport avec l’espace. Et dans ce cadre, il y a plusieurs outils. Le premier qui existe est le schéma national d’aménagement du territoire que d’aucuns appellent Agenda spatial qui permet de définir les plans de orientations de l’aménagement du territoire sur l’ensemble du pays. Après ce schéma, on a les pôles régionaux. C’est-à-dire, ils définissent un pôle régional pour la zone industrielle, pour la zone commerciale ou agricole, et tout qui existe dans l’agenda spatial.

À l’intérieur, on a des regroupements territoriaux comme la région de Cotonou et Calavi qui constitue une grande région où il y a beaucoup de villes et de citadins. Dans ce cas, nous allons parler de Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme. Cela veut dire que ce schéma regroupe l’ensemble des zones rurales et urbaines. Donc à l’instar du schéma national, le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme qui couvre une région donnée distingue les zones urbaines, les pôles agricoles de la région, les zones industrielles, les pôles touristiques de la région et des zones commerciales également de la région. Lorsqu’on prend à l’intérieur du Sdau, on a des spécificités. Un peu comme on a un Sdau pour le grand Cotonou. Et dans ce Sdau de grand Cotonou qu’on appelle Grand Nokoué actuellement, Calavi a sa spécificité et Ouidah également. Mais quand on vient à Calavi, on va parler par exemple du Schéma Directeur d’aménagement Communal de Calavi avec les mêmes spécificités que dans le Sdau. À l’intérieur de ce Schéma, on aura les zones urbaines et celles rurales. Parlant des zones urbaines, pour intervenir là-dessus, on aura besoin du plan directeur d’urbanisme. Et ce plan définit comment on va aménager les zones urbaines.

La complémentarité qu’on peut observer entre les outils est que si le schéma d’aménagement du territoire a déjà défini une zone dans la région de Cotonou comme une zone agricole, cette zone doit être maintenue comme telle dans le Sdau du Grand Nokoue. Le Sdau Grand Nokoue ne peut pas aller en contradiction avec le schéma national d’aménagement du territoire.

  • Quels sont les avantages d’avoir un plan d’aménagement communal ? Est-ce que toutes les communes ont le droit d’avoir ce plan et quels sont ses avantages ?

Selon les différentes lois sur la décriminalisation, toutes les communes doivent se doter d’un schéma directeur d’aménagement communal car c’est un outil de planification spatial. Si la commune décide de se développer, il doit pouvoir dire dans ma commune, si nous voulons avoir un pôle industriel, commercial de grand marché, on le positionne où ? Puisque tous ceux qui sont dans la ville ou dans la commune sont appelés à se nourrir donc on ne peut pas prendre l’ensemble du territoire comme zone d’habitation. Si on prend l’ensemble du territoire comme zone d’habitation mis à part les grandes villes qui sont connues, les autres communes doivent disposer et donner les grandes orientations avant toute opération sur le territoire de la commune.

  • Qui sont ceux qui élaborent ce Sdac ?

Selon la loi, c’est la mairie qui doit élaborer le schéma directeur d’aménagement communal avant toute action de développement. Et ce, sous la supervision de l’agence nationale d’aménagement du territoire (ANAT). Mais dans la réalité, nos communes ne disposent pas souvent de ressources. Donc certaines communes n’arrivent pas à se doter de ces documents. Et dans le cadre des mesures d’accompagnement de l’État central aux communes, parfois l’ANAT se met à élaborer ces documents pour le compte de ces communes, Mais il y a des communes également qui disposent des ressources qui les élaborent grâce à leurs partenaires techniques et financiers

  • Quelle interprétation faites-vous en ce qui concerne l’application réelle de ce que contient ces documents dans nos communes ?

Normalement, c’est la commune qui doit élaborer ses documents mais il s’est fait qu’elles n’élaborent pas toujours. C’est quelqu’un d’autre qui vient élaborer. Si le schéma directeur d’aménagement du territoire est élaboré, il doit définir les grandes orientations, où on doit pouvoir trouver les grandes habitations, les zones de commerce et en principe c’est après ça que le plan directeur d’urbanisme arrive et le plan de lotissement s’en suit. Ce qui veut dire que si une zone était réservée comme la zone agricole par exemple, on ne peut pas aller faire un lotissement dans cette zone-là. Mais, ce qu’on constate aujourd’hui, quand on prend par exemple la commune de Calavi, vous verrez que le lotissement est lancé un peu partout. Alors que quand vous prenez le schéma directeur d’aménagement du territoire de la commune de Calavi, on ne doit pas lancer des lotissements dans les zones de Glo-Djigbé et autres. C’est des pôles agricoles, commercial qui sont réservées dans ses zones. Aujourd’hui vous allez constater qu’il y a des lotissements qui sont lancés dans ses zones là et qui parle de lotissement parle de la transformation des zones agricoles en zones d’habitation. C’est un peu les incohérences qu’on observe dans la mise en œuvre des différents outils.

  • Pensez-vous que ces documents doivent être à la portée du grand public ?

Si c’est bien fait, le document doit être vulgarisé à grande échelle pour que tous les habitants et acteurs du développement de la commune soient informés et connaissent le contenu du document. Cela va leur permettre de savoir, qu’est-ce qui est réservé dans leur zone et qu’est-ce qu’ils ne doivent pas faire. Mais lorsque ça ne se fait pas comme ça, chacun se lève et fait ce qu’il veut. Pour pouvoir présenter ce document aux populations, il ne s’agit pas de regrouper les gens et leur pour qu’ils ne retiennent rien à la fin. Il s’agit simplement, lorsque vous voyez les zones agricoles, de faire une plaque géante pour délimiter suivant une telle superficie et dire que c’est une zone agricole et on énumère quelques règles qui régissent cette zone. Lorsque vous allez à la mairie, dans les arrondissements de la commune, vous devez avoir le schéma directeur d’aménagement communal affiché sous forme de carte à l’entrée. Donc tout citoyen qui y va doit pouvoir se retrouver.

  • Mot de fin

Je vais juste vous remercier et dire que ce que vous êtes en train de faire participe à donner l’information aux populations et au réveil de nos décideurs. Car, ce que nous vivons aujourd’hui, si on était organisé, on n’allait pas le vivre. Les inondations qu’on connait aujourd’hui, les embouteillages sur nos routes, les problèmes de chaleur, si ses documents de planification spatial étaient respectés, dans les différentes phases, aujourd’hui on va connaître moins de problèmes.

 

Propos recueillis et transcris par Jean-Baptiste HONTONNOU

Loading

20 Comments

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *