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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

Face à la ruée vers les importations : Le riz produit au Bénin peine à se positionner sur le marché local

 Face à la ruée vers les importations : Le riz produit au Bénin peine à se positionner sur le marché local

Les importations de riz au Bénin représentent une concurrence majeure pour la production locale. Les consommateurs béninois restent encore dépendants des riz importés, ce qui émousse quelque peu les ardeurs des acteurs des chaînes de valeur de la filière. Le gouvernement béninois ambitionne d’atteindre 1 million de tonnes de riz produit au cours de la prochaine campagne et se donne les moyens d’y parvenir avec l’aide des partenaires au développement. Il faut bien se demander sur quel marché cela sera-t-il écouler si le consommateur béninois reste encore réticent face au riz produit chez lui.

Cédric Joawo BAKPE

La production de riz a atteint 519 667 tonnes au cours de la campagne 2021-2022. À en croire certains acteurs de la filière, il a été difficile de pouvoir écouler cette quantité de riz sur le marché. La demande en riz local est faible au détriment de celui importé. Plusieurs facteurs expliquent cela. Dans un micro-trottoir réalisé, il s’est avéré que les préférences des consommateurs semblent se tourner vers les variétés de riz qui gonflent bien à la cuisson. Certaines études ont même révélé que l’un des facteurs qui hante la compétitivité du riz local est l’accessibilité au prix. De ce fait, le consommateur est beaucoup plus porté vers le riz importé qui revient moins cher que le riz local. La plupart des consommateurs de riz choisissent l’option du riz importé parce qu’ils supposent que ceux-ci sont de meilleure qualité que ceux produits au Bénin. Et pourtant aujourd’hui, la donne commence à changer au sujet de la qualité du riz local.

Des efforts consentis pour une production durable du riz

Il y a encore quelques années, les productions de riz étaient encore sujettes à beaucoup de difficultés. À la base, c’était une production suivant les règles de l’agriculture conventionnelle, ce qui implique l’utilisation d’engrais chimiques, affectant aussi bien le sol, le rendement et même la qualité du riz qui en découle. Les changements climatiques affectent la production locale du riz et même une politique de mise en marché n’existait pas. Aujourd’hui, les producteurs de riz sont engagés dans un processus de transition agroécologique, fait savoir le président du cadre de concertation des riziculteurs du Bénin (CCR-B), Arouna BOSSOU. Pour ce faire, une démarche méthodologique de production durable du riz suivant la norme SRP est mise en œuvre par le consortium Rikolto-CCR-B dans le cadre du projet « Renforcement de la résilience des acteurs de la filière de riz face aux changements climatiques et approvisionnement durable des villes en riz sain ». Dans le cadre de ce projet, financé par l’intervention 3 du programme DEFIA d’Enabel au Bénin, divers appuis ont été apportés aux producteurs sur l’ensemble des maillons de la filière riz. Aujourd’hui, l’on peut attester qu’il existe bel et bien du riz de qualité sur le marché. À en croire Wilma BAAS, manager du programme DEFIA, les efforts sur le packaging et la création de labels attractifs sont des mesures qui visent aujourd’hui à rassurer les consommateurs quant à la qualité du riz local. Ayant bénéficié de ces appuis, SORIZ a eu l’option de mettre sur ces emballages de riz : « riz naturellement parfumé issu de l’agriculture agroécologique », confie Bertin FONTON. C’est un indice de traçabilité qui est crédible, selon Pascal GBAYI, coordonnateur de Rikolto au Bénin.

« Vous pouvez vous baser sur cela pour faire des choix crédibles au niveau du marché qui serait des choix bénéfiques pour votre santé »,

martèle-t-il.

Le riz local, un choix de vie

L’un des problèmes majeurs est le manque de communication autour du riz local. Cela signifie que le consommateur peut ne pas être pleinement conscient des avantages du riz local par rapport aux importations. Pour que le riz produit au Bénin puisse mieux se positionner sur le marché local, des efforts sont nécessaires à la fois en termes de communication, de sensibilisation des consommateurs. « Pour que nos riz soient acceptés sur le marché, il faudrait qu’on fasse du bon travail d’abord et quand on finit de le faire, il faut le faire savoir aux populations pour qu’ils puissent pouvoir y adhérer, comprendre et pouvoir se mettre dans une dynamique de changement de comportement pour pouvoir choisir des produits béninois, du riz béninois qui leur donnera la santé et leur éviter un certains nombres de maladies », affirme Pascal GBAYI, Coordonnateur de Rikolto au Bénin.

En effet, les mesures prises pour répondre aux préférences des consommateurs et garantir la qualité du produit méritent d’être connues pour renforcer la compétitivité du riz local face aux importations. Selon certains commerçants, « l’investissement des partenaires techniques et financiers se concentre sur les maillons production et transformation. Ils ignorent les commerçants ». Les acteurs du secteur ne disposent pas de ressources allouées aux activités de communication concernant le produit fini. C’est peut-être à ce niveau que les actions doivent être renforcées. Le seul mois de consommons local (Octobre) ne suffit plus pour faire la promotion du riz local ou d’autres produits locaux. Mirlain Médéssè BOSSOU, commerçant de produits agricoles va plus loin et propose pour sa part une mesure potentielle d’interdiction des importations du riz, similaire à celle envisagée pour les poulets congelés, pour soutenir la production locale.

« La plus grande décision que l’état doit prendre, c’est nous contraindre. C’est de cette décision qu’a besoin le riz »,

pense-t-il. L’État béninois peut-il être amené à prendre une telle décision quand on sait les recettes perçues sur les importations ? D’une certaine manière, les consommateurs doivent aujourd’hui apprendre à faire des choix optimistes. Consommer les produits de chez soi, c’est encourager le producteur qui s’échine à longueur de journée, même s’il faut s’assurer que cela est de qualité. Plus spécifiquement, les consommateurs doivent comprendre que le riz local peut être plus sain que les riz importés.

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