GRANDE INONDATION À COTONOU : Un phénomène persistant malgré les grands travaux d’aménagement
Durant chaque saison pluvieuse, c’est le calvaire dans plusieurs localités de Cotonou. Des dernières pluies abattues sur les deux villes, les populations en sortent avec une inondation comme à l’accoutumée. Ce qui amène à demander ce qui serait la nouvelle raison fondamentale de cette situation malgré les énormes efforts consentis par le gouvernement en place.
Jean-Baptiste HONTONNOU
Ce n’est plus un secret. L’inondation à Cotonou est habituelle. Chaque année, ou plutôt pendant toutes les périodes pluvieuses, plusieurs citoyens enregistrent d’énormes dégâts matériels suite à des inondations. Outre ces dégâts, avoir accès à la circulation sur certaines voies, même certaines de celles nouvellement bitumées, devient un calvaire.
En effet, dans son premier programme d’action, le gouvernement de la rupture a prévu l’asphaltage de plusieurs voies à Cotonou. Une initiative qui devrait résoudre plusieurs problèmes auxquels les citoyens sont confrontés, notamment l’inondation. C’est ce que l’on pouvait saisir d’une intervention du ministre de cadre de vie et du développement durable, José Tonato, en juin 2017, qui disait que déjà « en 2020, Cotonou serait hors de l’eau ». Mais, la réalité de nos jours en est tout autre.
Sept ans après, malgré la mise en œuvre de ce projet qui était parti pour être une solution durable, la désolation est complète de voir que l’inondation à Cotonou est toujours d’actualité et sévit encore plus qu’avant. Cette situation amène l’opinion publique à demander ce qui pourrait être la cause actuelle de ce phénomène qui persiste. Malheureusement, les responsabilités sont partagées. Que ça soit du côté du gouvernement comme des citoyens, « tout le monde est coupable ».
D’abord, il faut rappeler que Cotonou est un site plat et hydromorphe. La gestion des risques liés à l’eau et l’assainissement dans cette ville constitue donc un réel problème. Et les raisons liées à cette perpétuelle inondation sont légion. Primo, selon Césaire Kodjo Sonou, Technicien spécialiste en Gestion des crises et risques de catastrophes liés à l’eau et au climat, le gouvernement est accusé d’avoir « délivré à chaque fois les papiers d’habitations des zones inhabitables pour que ces citoyens offensent la ressource eau ». Également, les lotissements ont été implantés en occupant les couloirs d’écoulement d’eau. L’autre raison est que la plupart des projets mis en œuvre ne respecte pas les normes environnementales surtout celle de la durabilité. Par ailleurs, les citoyens sont aussi responsables. Ces derniers ont passé leur vie à boucher les basfonds ainsi que les caniveaux. Une habitude que l’on peut taxer d’ingratitude environnementale. Et d’un autre côté, il y a la variabilité climatique qui sévit partout dans le monde.
Alors, que faut-il faire exactement pour finir avec ces catastrophes ? Pour éviter les inondations, plusieurs actions peuvent y participer. D’abord, il faut faire rigueur sur les politiques nationales mises en place en la matière. Le Bénin et beaucoup d’autres pays doivent ainsi aller à l’école des pays qui ont traversé depuis des années ces situations d’inondations. Aussi, faut-il que l’État prenne sa responsabilité en déménageant et relogeant les citoyens qui ont occupé les voies naturelles de l’eau. Il faut veiller à ne plus donner l’autorisation de construction sur un terrain à un citoyen sans une étude spécifique assortie d’un PGES prouvant que ce dernier peut habiter l’endroit à moyen ou à long terme. Pour finir, il faut éduquer les citoyens sur les réalités climatiques que le monde vit actuellement. Ce n’est que de cette manière que la génération future n’aura plus à faire avec ces problèmes qui constituent un casse-tête pour les autorités.