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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES DANS LE SECTEUR AGRICOLE:L’autre composante qui manque à la formation professionnelle agricole au Bénin

 INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES DANS LE SECTEUR AGRICOLE:L’autre composante qui manque à la formation professionnelle agricole au Bénin

Après la formation professionnelle dans le secteur agricole, les jeunes formés sont le plus souvent confrontés à une réalité qui ne les avantage guère : l’insertion professionnelle. Le sujet est encore plus sérieux quand il s’agit du secteur agricole qui jusqu’aujourd’hui suscite encore peu d’intérêt auprès de la couche juvénile. Au sommet de l’Etat, qu’elles sont les dispositions qui sont en train d’être prises pour garantir à chaque jeune formé une insertion professionnelle réussie ? Sur cette question, divers acteurs ont donné leur avis lors des récentes journées nationales des jeunes agriculteurs.

Des jeunes agriculteurs en stage en train de faire le semis

Cédric Joawo BAKPE

Lorsque l’on jette un regard vers le monde agricole, force est de constater que la plupart des exploitations agricoles souffrent d’un manque de relève agricole. Pourtant, ils sont des milliers de jeunes à être formés dans les quelques lycées agricoles du pays. Vers où convergent-ils alors après leur formation ?

 Pour faire l’état des lieux, Marcelin Hyle, un cadre du ministère en charge des enseignements secondaires, techniques et de la formation professionnelle, a fait savoir qu’un travail a été fait l’année dernière dans les sept pôles de développement agricole (PDA) pour recenser les entreprises agricoles qui sont créées et qui sont reconnues par les Agences territoriales de développement agricole (ATDA). « Nous avons recensé 661 entreprises d’existences légales. Sur les 661 entreprises, nous sommes allés chercher les entreprises dont les promoteurs sont des anciens élèves que nous avions formés entre 1996 et 2021. Nous avions eu au total 97 », notifie-t-il. Il soulève ainsi la problématique de l’installation des jeunes. Ce problème perdure jusqu’à nos jours. Pour justifier le mal, il évoque d’abord « l’environnement économique qui pratiquement ne s’y prête pas » et poursuit en disant qu’« à une certaine époque, les jeunes qui sont sortis des lycées agricoles n’ont pas pu s’installer dans le secteur entrepreneurial, ils se sont tous redirigés vers l’administration publique », note-il. Jonas Gbeffo de la Plateforme des organisations paysannes et des producteurs agricoles (PNOPPA) du Bénin souligne à sa suite : « chez nous, on est toujours resté dans le paradigme que l’on va dans un lycée agricole pour être dans l’administration ».

Ces propos prouvent combien de fois la culture entrepreneuriale, notamment dans le secteur agricole, reste encore très faible. Pour Eustache Hounkanrin, président de l’Association des jeunes agriculteurs modernes (AJAM) du Bénin, « le foncier est un problème permanent pour ces jeunes malgré quelquefois, l’accompagnement des parents et la volonté qu’ils ont ». Aussi, l’environnement dans lequel ils vont créer leur entreprise, installer leur exploitation n’est pas encore trop favorable selon lui.

Peut-on dire aussi que la formation professionnelle agricole qui se donne dans les lycées répond aux exigences du marché de l’emploi ? Respecte-elle le schéma de promotion des filières agricoles voulues par le gouvernement béninois à travers la territorialisation agricole ? A cette question, Marcelin Hyle répond non, car dit-il, « la formation professionnelle agricole est basée sur des domaines qui n’ont rien à voir avec les spécialités ». Mais il souligne par la suite que des dispositions sont en train d’être prises. « L’un des instruments qui est en train d’être mis en place, c’est que dans chaque lycée implanté par rapport à un PDA, les métiers pour lesquels on doit former doivent-être en lien avec les filières qui sont en développement dans ce pôle », explique-t-il. Pour illustrer cela, il affirme qu’: « au lycée agricole Medji de Sékou, en production végétale, quel que soit les circonstances, ce qui va être enseigné comme métier, il va y avoir l’ananas ».

Une lueur d’espoir qui se dessine à l’horizon

Tous les acteurs s’accordent sur le fait que les conditions politiques sont en train d’être réunies pour une réelle insertion professionnelle des jeunes après leur formation. Cela passe d’abord par l’accès à une formation de qualité qui associe la théorie des classes à la pratique sur le terrain et dans les entreprises. « On a déjà élaboré des curricula de formation par rapport aux corps de métiers agricoles », a précisé Régis Gbaguidi de la Direction du conseil agricole, des innovations et de la formation entrepreneuriale (DCAIFE). Tout ceci facilitera l’implantation de la culture entrepreneuriale qui est pour Marcelin Hyle « le déterminant de l’installation de jeunes ».

 En effet, le vote et la promulgation de la loi portant orientation agricole, sécurité alimentaire et nutritionnelle en République du Bénin a porté une lueur d’espoir aux acteurs agricoles à divers niveaux. Jonas Gbeffo se réjouit particulièrement de la reconnaissance du métier agricole puisqu’il pense que « si les jeunes ne vont pas fièrement dans l’agriculture, c’est parce que l’agriculteur n’a pas un statut véritablement reconnu qui donne des droits ». En dépit de tout, il faut se réjouir de ce que l’écosystème qui permet l’implication du monde professionnel et du secteur privé dans la formation professionnelle est en train de se mettre en place. Ce qui pourrait entrevoir que l’insertion professionnelle des jeunes agriculteurs sera chose concrète les prochaines décennies.

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