PISCICULTURE A LOKOSSA: Une véritable activité de rente pour le jeune Rodrigue Goussi
La pisciculture draine, intéresse et emploie de plus en plus de monde. Nombreux sont ces jeunes qui éprouvent de l’engouement pour cette activité. C’est le cas du sieur Rodrigue Goussi un pisciculteur rencontré dans la commune de Lokossa.
Par Laure S. LEKOSSA
Mercredi 30 Septembre 2020, il est 15 Heures. Nous sommes sur le lac Djètouè, un lac situé dans le village vivotin dans la commune de Lokossa. Au beau milieu de ce lac, sont installés des cages rectangulaires flottantes de 5m sur 5, soutenues avec des bidons de 25litres et de milles litres, séparées légèrement les uns des autres et soudés par les fers très résistants. Aux alentours de ces différentes cages sont disposés des filets fins de 2m de profondeur dans lesquels sont récupérés des poissons. Dans l’une de ces allées, on aperçoit un homme plus ou moins élancée habillé d’une chemise cousue à base de tissus couplé d’un pantalon noire, donnant de la nourriture à ces poissons. Rapproché, Rodrigue Goussi, pisciculteur fait savoir qu’il y a de cela 3ans qu’il a démarré l’élevage des poissons. « J’ai démarré cette activité il y a de cela 3 ans, j’ai eu à faire d’autres expériences dont les résultats n’ont pas été satisfaisants et il y a un an que j’ai démarré avec l’élevage des poissons dans les cages flottantes sur le lac Djètouè ».
La pisciculture est une branche de l’aquaculture. Elle désigne l’élevage des poissons en milieu naturel ou en bassin artificiel, en eaux douces, saumâtres ou salées avec une haute production destinée à la consommation. Vu la place qu’occupe le poisson dans l’alimentation humaine, Rodrigue Goussi a opté pour cette activité. « Je vois que la pisciculture est une filière porteuse et rentable. Bon nombre de personnes accordent peu d’importance à cette filière. Mais on constate que l’homme se nourri au quotidien du poisson et il faudrait davantage en produire pour que les populations puissent s’en procurer en quantité et en qualité. C’est une activité de choix et après avoir démarré, le projet provac est venue, un projet sur lequel nous pisciculteurs, avions reçus des formations accélérées en aquaculture » a-t-il affirmé. Deux différents types de production avec des méthodes alimentaires données sont enregistrés. On note la production en étang, avec un bassin en terre, dans lequel les poissons se nourrissent complètement ou partiellement à partir de la production biologique du milieu, et la production intensive en bassin artificiel ou cages, dans lesquels les poissons sont exclusivement nourris avec des aliments fournis par le pisciculteur. Chez Rodrigue, la production des poissons suit une certaine étape. Chacune des cages qu’il a installé possède une capacité de charges de 1200 alevins, qui sont nourris au moins trois fois par jour pendant 6 à 7 mois et à partir de 07 mois, les poissons atteignent déjà 2kilos nous a-t-il expliqué. « Quand tu installes les cages, il faut d’abord aleviner, après tu les nourris et tu effectues des pêches de contrôle pour connaître la quantité de provende à donner à chaque phase. Après nous passons à l’étape des tries pour départager les petits des grands, histoires de bien favoriser la croissance des poissons » a-t-il éclairci. Pour des raisons liées à la forte demande de poissons enregistrés, ce dernier a fait le choix d’élever uniquement le tilapia. « Ici le tilapia est le poisson fortement demandé, en plus de cela il y a la qualité des poissons qui intéressent donc nous recevons assez de demandes concernant les tilapias c’est pour cela que nous avions voulu produire que des tilapias ».
Bien nourrir les poissons est nécessaire…
Pour un meilleur accroissement des poissons, un régime alimentaire typique leur est adapté et ce, en fonction du milieu de culture. Ceux -ci sont exposés à deux sources de nourriture dont celle naturelle et supplémentaire. Les aliments naturels sont constitués par les plantes et les animaux qui vivent dans le vivier et toutes les matières organiques mortes ou en décomposition se trouvant au fond de l’eau. Différentes sortes de poissons mangent différentes sortes de nourriture naturelle. Certains cherchent des insectes et vont au fond de l’eau, d’autres mangent les plantes aquatiques submergées ou grimpantes. Rodrigue Goussi utilise des provendes qui flottent à la surface de l’eau appelée les granulés.
Des difficultés certes, mais l’activité nourrit son homme
Comme toutes autres activités, les pisciculteurs sont aussi confrontés à d’énormes difficultés liées notamment au manque de moyens financiers pour l’extension de leurs activités, à l’accès aux aliments servis aux poissons. Certes, les formateurs produisent des aliments de bonne qualité, mais n’ont pas le taux de protéines escompté. Il existe aujourd’hui des aliments importés mais qui ne sont pas à la portée des pisciculteurs du fait de leurs prix très élevés. « Les difficultés sont énormes il y a l’accès aux intrants pour les alevins. Si tu ne trouves pas les alevins de bonnes qualités ce n’est pas bon, en plus de ça nous rencontrons des difficultés liés à l’achat des provendes, la lenteur du gouvernement à nous accompagner à travers des formations, et dès que les jeunes entreprennent, c’est important qu’ils reçoivent l’appui du gouvernement, nous rencontrons également des difficultés d’accès à l’eau parce que nous sommes sur le lac avec les pêcheurs qui exploitent avec nous le lac » souligne Rodrigue Goussi. Il ajoute « C’est vrai, nous sommes sur l’eau et depuis que j’ai commencé cette activité de la pisciculture nous n’avions eu aucune aide financière et avec ceux qui travaillent avec moi sur le lac Djètouè nous nous débrouillons nous-mêmes. Seul l’ATDA nous a un peu appuyés avec des alevins et des provendes. En plus, on ne sent pas totalement en sécurité vu que nous sommes sur un lac, c’est pourquoi nous faisons de façon permanente le contrôle des cages et à n’importe quel lieu, les individus mal intentionnés n’en manquent pas et pour ça, nous restons constamment éveillés » martèle-t-il. Pour la commercialisation de ses poissons, Rodrigue reçoit des demandes de part et d’autre des hôtels, des bonnes dames de la localité. Cette activité est pour lui très rentable. « La pisciculture n’est pas mal, au début on avait fait deux cages comme expériences et c’est à causes des résultats obtenus que nous avions voulu augmenter la production avec la construction de nouvelles cages. Plus tu installes et augmente ta production, plus tu obtiens assez de poissons que tu pourras vendre sur le marché, ce qui te fera assez de revenus. Pour ça, je suis fier d’être un pisciculteur et j’encourage d’autres jeunes à marcher dans nos pas parce que l’entrepreneuriat vous permet d’être suffisamment autonome. A Lokossa, nous ne sommes pas nombreux à exercer cette activité et c’est une très bonne filière dans laquelle les jeunes peuvent s’y aventurer » a-t-il souligné.
Pour la bonne santé de la filière piscicole au Bénin, les pisciculteurs lancent un appel au gouvernement pour l’élaboration des politiques publiques spécifiques pour le rehaussement de la filière et l’amélioration des conditions de travail des entrepreneurs.