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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

RECHERCHE DANS LA FILIÈRE MANIOC AU BÉNIN

 RECHERCHE DANS LA FILIÈRE MANIOC AU BÉNIN

« Quand on crée des technologies et des innovations, on les envoie en milieu réel » dixit Nestor 𝗢𝗟𝗢𝗗𝗢

L’Inrab a organisé des journées portes ouvertes du 20 au 21 septembre 2023 afin d’exposer ses innovations agricoles aux producteurs. Dans cet entretien, Nestor 𝗢𝗟𝗢𝗗𝗢, Technicien au centre de recherches agricoles Sud Bénin de l’Institut, nous amène à la découverte des innovations sur le manioc.

Nestor 𝗢𝗟𝗢𝗗𝗢, Technicien au centre de recherches agricoles Sud Bénin de l’Inrab
  • Est-ce que vous pouvez nous parler des variétés de manioc qui sont exposées ?

Pour ces journées portes ouvertes, nous avons amené au total 4 variétés subdivisées en deux volets. Il y a les variétés du manioc issues des vitro plans et les variétés de manioc à chair jaune. Nous avons deux variétés de manioc issues des vitro plans et deux variétés de manioc à chair jaune. Au total, nous avons 4 technologies.

  • Parlez- nous un peu plus des variétés issues des vitro plans. Pourquoi une telle innovation ?

Pour ce qui concerne les variétés issues des vitro plans, depuis 2009 nous avons constaté sur le plan national qu’il y a une pression parasitaire. Donc les parasites ont attaqué les variétés de manioc qui sont en milieu réel. Du coup, ça a fait dégénérer les variétés. Ce qui a entraîné la chute du rendement. Il fallait donc trouver une solution pour cette situation, d’où la solution d’assainissement des variétés par le laboratoire et leur acclimatation dans les serres et leur durcissement et croissance avant que cela ne soit introduit en milieu réel pour leur production.

  • Qu’est-ce qu’apporte cette innovation aux producteurs ? Cela a-t-il permis de régler le problème que vous avez auparavant ?

Oui, cela doit permettre de corriger le problème parce que, quand nous allons finir le processus au niveau de la station, ces piges doivent être diffusées en milieu réel pour qu’on puisse renouveler le pied de cuivre. Il s’agit de remplacer de manière progressive ces variétés qui ont dégénéré pour qu’on puisse avoir de bons rendements en milieu paysan. Entre temps, le rendement allait jusqu’à 35 ou 40 tonnes à l’hectare pour ces mêmes variétés. Mais avec cette situation, cela a chuté jusqu’au point où on peut trouver 20 tonnes à l’hectare, alors que vous saviez que les producteurs ne respectent pas l’itinéraire technique comme nous on le désire. Donc, ça fait encore chuter et on peut se trouver banalement à 7 tonnes à l’hectare. Nous sommes donc là aujourd’hui avec cette technologie corriger cette situation afin que les gens puissent connaître son importance et que ça puisse être respecté.

  • Au-delà du vitro plan, quels sont les autres innovations que vous avez mises en place aujourd’hui au niveau de l’Inrab ?

En dehors de l’assainissement des variétés phares qui existent dans notre pays, nous avons la technique concernant les variétés de manioc à chair jaune. A ce niveau, ce que nous visons est de pouvoir lutter contre la malnutrition chez les enfants. Certes, en consommant cette variété, les artistes aussi peuvent trouver compte parce que c’est une variété qui contient du bêtacarotène qui est riche en vitamine A. Ça peut aussi toutefois corriger de façon progressive les maux oculaires chez les adultes. Certains peuvent être tentés de me dire, est-ce que ce n’est pas mieux d’aller acheter les carottes pour corriger ces maux ? Les carottes, oui. Mais combien de béninois consomment ou achètent des carottes dans notre pays ? À quel coût ? Alors que, le manioc, ce sont tous les Béninois qui en consomment sous toutes ses dérivés ou différentes formes. Donc, nous avons constaté qu’à travers ces innovations, nous pouvons aider la population à lutter contre la malnutrition des enfants.

  • Comment vous travaillez aujourd’hui à vulgariser ces innovations auprès des producteurs ?

Il faut avouer qu’à la recherche, quand on crée des technologies et des innovations, on les envoie en milieu réel ou nous conduisons encore des essais sur nos sites de recherche et conjointement avec les agents de l’ATDA qui sont animateurs en milieu réel. Donc, c’est de cette manière que nous on travaille. On travaille en lien étroit avec les agents de l’ATDA et les DDAEP sur le terrain et avec les producteurs.

  • Quel appel avez-vous à lancer aux producteurs qui sont très souvent demandeurs des innovations agricoles produits de l’Inrab ?

Nous allons dire que la recherche est toujours disponible pour leur trouver des solutions telles que ce que nous sommes en train de faire actuellement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on a organisé ces journées portes ouvertes. Pour que les acteurs puissent venir s’approprier de nos technologies et pouvoir les utiliser parce qu’il y a des technologies que nous avons et sans eux on ne peut pas les mettre en valeur. Donc c’est important qu’ils viennent et qu’ensemble qu’on puisse leur faire la promotion de différentes technologies que nous avons généré avec les innovations.

  • Aujourd’hui la lutte contre le changement climatique est devenue une préoccupation principale sur laquelle les experts aussi travaillent pour permettre aux producteurs de pouvoir s’en sortir. Est-ce que les différentes technologies que vous avez mises en place permettent de répondre à défi ?

Bien sûr, il y a même des variétés qui sont résistantes aux changements et variabilité climatiques. Par exemple, quand vous prenez le manioc, c’est une plante qui est quand même tolérante et même face au changement climatique, c’est une plante qui peut résister et traverser cette période sans qu’il n’y ait pas trop d’influence sur son rendement. Donc, c’est à cela que nous tenons. À partir du moment où la plante s’est déjà installée, elle peut traverser la poche de sécheresse sans difficulté. Nous n’avons pas d’inquiétude par rapport à la recherche. On tient compte de tous ces paramètres pour créer les technologies, que ça soit on niveau du manioc ou d’autres cultures, ça a toujours été pris en compte.

Propos transcris par Arsène SALANON (Stag)

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