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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

SANTÉ DES SOLS EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : Des technologies agricoles à impact sur la durabilité et l’économie inclusive

 SANTÉ DES SOLS EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : Des technologies agricoles à impact sur la durabilité et l’économie inclusive

Préservation de la santé des sols pour une économie inclusive afin de promouvoir une agriculture durable en Afrique subsaharienne. C’est un enjeu majeur qui s’impose aujourd’hui à tout acteur intervenant dans le secteur agricole au niveau de la sous-région, et particulièrement au Bénin. Cette question a été largement débattue lors d’un panel, en marge des journées portes ouvertes lors de la célébration des 50 ans de IFDC global au Bénin. L’occasion d’explorer les technologies à fort impact sur la santé des sols.

Cédric Joawo BAKPE

Environ 75 à 80 % de la surface cultivée du continent serait dégradée, avec une perte de 30 à 60 kg d’éléments nutritifs par hectare et par an. Cette perte annuelle est évaluée à 4 milliards de dollars américains. Plus de 485 millions de personnes (soit 65 % de la population) sur le continent sont touchées. Selon les projections, plus de la moitié des terres actuellement arables pourraient être inutilisables d’ici 2050. Des jeunes prolifiques, des femmes désireuses de s’épanouir à travers des activités agricoles, héritent souvent des terres totalement dégradées en Afrique subsaharienne. Cette couche de la population constitue selon le professeur Silvère Tovignan, ingénieur agronome, les plus marginalisés sur le plan de la santé et de la disponibilité de la terre en termes de qualité et de quantité. Parmi les innombrables causes, figurent des pratiques agricoles non durables qui handicapent la propriété physique, chimique et biologique des sols.

Des pratiques agricoles à fort impact négatif

Toute activité qui peut de façon significative toucher à l’une de ces propriétés a déjà un impact sur la santé du sol. Par exemple, les opérations de labour peuvent affecter la propriété physique des sols, selon le Dr Ekwe Dossa, Directeur de la santé des sols et de la productivité agricole au Centre International pour le développement engrais (IFDC) : « Quand vous faites un labour non raisonné, un labour profond, par exemple, sur le sol fragile, vous allez détruire les agrégats, vous allez détruire les propriétés physiques. La porosité va en prendre un coup. Vous allez peut-être entraîner la compaction du sol », avertit-il. Pour ce scientifique, « des technologies qui ne conservent pas la matière organique, qui est le substrat qui maintient les activités biologiques » peuvent affecter la propriété biologique des sols. Il ajoute qu’une agriculture minière peut affecter la propriété chimique des sols. « Si vous cueillez, vous récoltez seulement, et que vous ne pensez pas à recycler, vous ne retournez pas de nutriments, cela aura un impact sur la santé du sol », signale Dr Dossa. Et pourtant, ce ne sont pas les seuls facteurs dont les producteurs agricoles ignorent les effets négatifs sur la santé des sols.

L’utilisation des machines agricoles

Dans les opérations culturales, les machines agricoles sont souvent sollicitées, notamment dans le cadre d’une agriculture à grande échelle. Selon le Dr Hervé Sayimi Aholoukpè, Directeur du centre de recherche agricole plantes pérennes de l’Institut national des recherches agricoles du Bénin, « nous n’avons pas encore bien intégré cette conception ». « On ne peut pas tout utiliser sur tout type de sol », conteste-t-il. En effet, pour lui, certaines machines agricoles compactent les sols. Ainsi, pour faire du sous-solage, pour ameublir, il vaut mieux développer des pratiques simples et privilégier la valorisation des ressources organiques. Plusieurs solutions émergent aujourd’hui pour renforcer la durabilité des sols agricoles en Afrique subsaharienne.

Des pistes pour restaurer les sols dégradés

Des technologies innovantes sur la santé des sols pour une agriculture durable, que ce soit en Afrique subsaharienne ou précisément au Bénin, existent. Sur la question, l’IFDC a développé un ensemble de technologies liées à la gestion intégrée de la fertilité des sols (GIFS), dont le support est la matière organique et les autres amendements, ainsi que les engrais minéraux. Pour le Dr Ekwe Dossa, il est important de parler des deux, simplement parce que les engrais minéraux sont le meilleur moyen d’enrichir rapidement le sol qui est en train de perdre ses nutriments. « Il y a des écoles de pensée où les gens pensent qu’on devrait tourner le dos aux engrais minéraux. Mais malheureusement, ce n’est pas possible… Nous le promouvons en même temps avec le support organique qui est la base de la résilience du sol », laisse-t-il entendre. Ses propos sont renforcés par les idées du Dr Ibouraïman Balogoun, Ingénieur agronome, qui soutient que la GIFS consiste à utiliser les intrants organiques et inorganiques ensemble pour une efficacité optimale. « Cela ne veut pas dire que nous laissons tomber les variétés locales », précise-t-il. Selon ses propos, plusieurs technologies ont été développées par la recherche agricole à cet effet. Dans le mucuna, par exemple, sa couverture au niveau du sol permet de garder l’humidité et de protéger le sol contre l’érosion. Les biofertilisants ont également été développés pour faciliter cette pratique de GIFS, toujours dans le but de ne pas dégrader le sol.

Pour le reste, la question de la santé des sols préoccupe grandement les institutions à caractère régional, dont l’Union Africaine, qui a élaboré un plan d’action décennal (2023-2033). Son principal objectif consiste à faire en sorte que les sols africains soient plus sains et contribuent durablement à la croissance agricole et à la résilience de l’environnement. Plus spécifiquement, il s’agit d’accroître l’accès, l’abordabilité et l’utilisation durable des pratiques de gestion de la santé des sols, y compris l’utilisation efficace des engrais organiques et minéraux, et de renforcer les capacités en matière de santé et de gestion durable des sols, notamment en intensifiant la vulgarisation en vue d’une gestion durable et d’une utilisation efficace des engrais organiques et minéraux. Vivement la meilleure alternative pour assurer une santé durable aux sols en Afrique subsaharienne, en particulier.

 

 

 

 

 

 

 

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