GESTION NON-DURABLE ET ILLÉGALE DES BOIS : Un observatoire international propose de nouveaux modèles d’exploitation efficients
Les forêts sont de plus en plus victimes d’une dégradation accrue et des pratiques d’exploitation non durables et parfois illégales. Vu que la demande en bois est sans cesse grandissante, plusieurs scientifiques se sont regroupés au sein d’un observatoire international afin de suivre l’évolution de forêts tropicales exploitées et en déduire des modèles d’exploitations enfin durables.
Jean-Baptiste HONTONNOU
« Ce sont les seuls observatoires forestiers au monde à s’intéresser aux forêts déjà exploitées, ainsi qu’à leur renouvellement. L’objectif de ces sites est de définir des règles de gestion durable tout en étudiant les services environnementaux offerts par ces forêts. Conserver, tout en permettant aux populations d’y vivre et d’en tirer parti », confie Plinio Sist, directeur de l’unité de recherche Forêts et Sociétés au Cirad et coordinateur du réseau d’observatoires. Concentrant 80% des forêts tropicales mondiales, l’Amazonie, le bassin du Congo et le Sud-Est asiatique sont trois régions au sein desquels sont implantés 32 sites expérimentaux, regroupés au sein du réseau nommé TmFO (Tropical managed Forests Observatory – « Observatoire des forêts tropicales aménagées »).
En effet, ce dispositif de recherche a pour ambition de mettre à jour des modèles d’exploitations durables, adaptés aux capacités de reconstitution du stock de carbone, de bois et de la biodiversité des forêts tropicales exploitées. Considérant donc la vitesse actuelle à laquelle va l’exploitation de bois d’œuvre dans le monde, l’on note qu’elle dépasse le rythme normal de croissance des arbres. Par exemple, au Brésil, les travaux du réseau TmFO montrent qu’il faudrait diviser la récolte par deux et doubler la durée des cycles de rotation pour garantir le maintien de la ressource. Une situation qui ne permettrait d’atteindre qu’un tiers de la production annuelle actuelle de bois en Amazonie. Alors, face à ce défi, les sites de l’observatoire testent des modèles d’exploitation les plus efficaces possibles, au regard des enjeux environnementaux et socio-économiques.
« Lorsque l’exploitation est bien faite elle devient un outil de conservation, car en générant des profits, les populations sont plus enclines à les protéger »,
détaille Plinio Sist. D’un côté, il soutient que les prélèvements d’arbres peuvent bénéficier à la forêt. « En choisissant les arbres les plus vieux et gros, qui finiraient par tomber, elles créent un trou de lumière qui permet aux arbres plus jeunes de pousser », a-t-il fait savoir.
Conscients du fait que presque la totalité du bois est prélevée au sein des forêts dites « naturelles », soit encore peu touchées par les activités humaines, les scientifiques de TmFO montrent que les forêts naturelles ne peuvent pas à elles seules répondre à la demande croissante en bois. Il est donc urgent de développer d’autres sources de production. Ainsi, il convient de diversifier les systèmes de production de bois, « à travers la gestion des forêts secondaires, la promotion de plantations plurispécifique d’espèces de bois d’œuvre, et enfin la réhabilitation des forêts dégradées par des pratiques sylvicoles ».
Pour finir, il est impérieux que les politiques publiques combattent fermement la déforestation et l’exploitation illégale de la production de bois d’œuvre. L’on doit miser sur cette volonté politique, sinon les effets des pratiques de gestion durable et les actions de restauration forestière seront très limités et ne pourront résoudre cette situation de crise.