PROTECTION DES OCÉANS : Un enjeu mondial joué sous la surface
FEUX DE BROUSSE OU DE VÉGÉTATION AU BÉNIN : L’environnement, la grande victime d’une pratique très récurrente
Depuis des siècles, mettre feu à la brousse pour telle ou telle autre raison est une pratique très fréquente dans plusieurs régions de l’Afrique subsaharienne. Faisant un état des lieux, les constats sont mauvais voire hilarants. Bien qu’ils soient une pratique qui présente des avantages lorsque certaines conditions d’allumage sont respectées, les feux de brousse entraînent d’énormes répercussions aussi bien sur le plan environnemental qu’humain.
En Afrique subsaharienne, saison sèche rime avec végétations sèches. De novembre à mi-mars (la période correspondant à l’hiver), l’harmattan bat son plein : un climat bien favorable pour déclencher des feux de brousse qui ne sont pas sans conséquences dans le paysage environnemental, agricole et même humain. Parlant des feux de brousse, il est judicieux de préciser avant tout qu’il en existe plusieurs types. Ainsi, convient-il de distinguer les feux de brousse précoces des autres. Les feux de brousse précoces sont utilisés par les techniciens pour permettre à la nature de se régénérer. Ces derniers cadrent donc avec les activités agricoles. Ils s’opèrent en début de saison sèche, avant que les herbes ne soient totalement sèches. Ces feux constituent d’un côté un pare-feu contre les incendies criminels et d’un autre, leur tenue profite à l’agropastoralisme. Ils sont donc voulus et contrôlés. Contrairement aux feux tardifs, ceux précoces permettent à des forêts denses de se reconstituer sur les sols les plus riches et à des savanes boisées, de se maintenir ailleurs.
Alors, en ce qui concerne les feux de brousse tardifs, il faut signifier qu’ils constituent une pratique récurrente au Bénin notamment dans la partie septentrionale du pays. Ces feux, tout comme ceux précoces, sont souvent observés pendant la saison sèche où les populations pratiquent la chasse à la battue et lors des travaux champêtres. Malencontreusement, ces feux ne brouirent pas sans conséquences lourdes sur l’environnement.
Les feux de brousse et leurs répercussions environnementales, agricoles et humaines.
Au Bénin, le feu sous toutes ses formes est resté et demeuré l’une des mauvaises méthodes les plus utilisées par les charbonniers, les récolteurs de miel, les chasseurs ainsi que les pasteurs (pour le renouvellement des pâturages).
En effet, selon la « suite de baromètres pour imageurs dans l’infrarouge et le visible » (VIIRS), au total 1839 VIIRS alertes incendie ont été signalées entre le 14 Février 2022 et le 06 février 2023.
Par ailleurs, entre 10 février 2020 et 06 février 2023, le Bénin a connu un total de 41051 alertes incendie. Entre le 02 février 2023 et le 09 février 2023, 2647 VIIRS alertes incendie signalées avec 4{e43727ebdf1c82cdaf05db1b2e953f1c6b388407dfc0230603c9b856384b4112} d’alertes à haut niveau de confiance. La région de l’Atacora étant la plus touchée par ces alertes et présentant une surface de 674000 ha brulés, il urge de reconnaitre que cela représente 44{e43727ebdf1c82cdaf05db1b2e953f1c6b388407dfc0230603c9b856384b4112} de la superficie totale brûlée au Bénin et est exceptionnellement élevé et comparé à la même période remontante à 2001.
Analysant donc ces statistiques, il est à retenir qu’au fur et à mesure que le temps évolue, les feux de brousse (que ça soit précoce ou tardif) augmentent et les conséquences ne semblent pas passer inaperçues.
Selon le spécialiste en valorisation de la biodiversité végétale tropicale, Alfred Houngnon, « le feu sait tout détruire et il est utilisé à fond au Bénin pour tout détruire. Il est devenu un marqueur de notre paysage ». Prenant par exemple le coté du charbon de bois qui se fait en plein champ ou en pleine forêt, chaque espace dédié à cette pratique devient automatiquement une parcelle de terre inerte pour des décennies. A en croire cet amoureux de l’environnement, « de 2001 à 2021, le Bénin a perdu 46 ha de couverture arborée dus aux incendies et 423000 ha en prenant en compte les autres facteurs de perte ».
Sous un autre pan du sujet, les feux de brousse sont des phénomènes qui peuvent être considérés comme le facteur de perturbation anthropique le plus récurrent. Ce phénomène est une menace pour la faune, car sans brousse, il n’y a pas d’animaux. Quand surviennent les incendies, une grande partie de la microfaune et de la pédofaune est détruite ; un fait qui n’est sans effet sur la santé du sol. Effectivement, les feux détruisent les éléments nutritifs qui devaient revenir au sol et augmenter sa richesse.
De même, dans les zones forestières, les feux de brousse anarchiques sont à l’origine de la destruction des forêts secondaires et primaires. Ainsi, représentent-ils un risque majeur pour la végétation et une contrainte environnementale. Pour finir, les feux non contrôlés ou tardifs sont responsables de la destruction des produits agricoles stockés en champ ou tardivement récoltés, de la mort d’animaux piégés et même des pertes en vies humaines.
Alors, pour remédier à tous ces fléaux, il est souhaitable que chaque personne adopte des comportements éco-citoyens afin de préserver la durabilité de la planète et de promouvoir le développement durable.
Jean-Baptiste HONTONNOU