AMIDON DE MANIOC : Un autre produit dérivé qui fait bon marché
Une production annuelle de 250 000 tonnes équivalent à une valeur marchande d’environ 149 milliards FCFA
Le manioc, tubercule largement cultivé au Bénin, possède un potentiel économique encore largement sous-exploité. Parmi ses dérivés, l’amidon de manioc se distingue par ses multiples applications tant culinaires qu’industrielles, le rendant ainsi un élément essentiel pour l’économie.
Innocent AGBOESSI (stag)
L’amidon de manioc, ou « gorman » en langue fon au Bénin, est une poudre blanche fine extraite des tubercules de manioc. Composé principalement de glucides, il est apprécié pour sa capacité à épaissir les liquides et stabiliser les mélanges, sans goût ni odeur, ce qui le rend polyvalent en cuisine et en industrie.
Cependant l’extraction de l’amidon de manioc suit plusieurs étapes : les tubercules sont récoltés, nettoyés, épluchés et râpés pour obtenir une pulpe fine. Cette pulpe, mélangée à de l’eau, libère l’amidon qui est ensuite filtré pour éliminer les fibres. Le mélange eau-amidon repose, permettant à l’amidon de se déposer au fond. L’eau est retirée, et l’amidon humide est séché, broyé, tamisé puis emballé, prêt à l’emploi.
En cuisine, l’amidon de manioc est en effet utilisé pour améliorer la texture et le profil nutritionnel des aliments. Il est employé dans la boulangerie pour le pain salé et par les ménagères pour produire du tapioca, utilisé dans des soupes et bouillons. Il sert également à fabriquer des chips en forme de galettes appelées « yoyo de manioc ».
Ensuite industriellement, l’amidon de manioc est une matière première précieuse pour produire des produits chimiques comme le glutamate de sodium, les acides aminés et organiques et enfin par acidification ou fermentation, il est transformé en composés chimiques utiles pour diverses applications industrielles.
L’amidon de manioc sur le marché
Le marché de l’amidon de manioc au Bénin montre une dynamique positive. Selon Selina wamucii, une plateforme qui étudie les prix des produits alimentaires, aactuellementle le prix de l’amidon de manioc au Bénin varie autour de 595.12 FCFA par kilogramme, soit environ 0.98 USD. En 2023, la production nationale de manioc s’élevait à environ 4 millions de tonnes, avec une superficie cultivée de 320 000 hectares et un rendement moyen de 12.5 tonnes par hectares.
Selon le Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (MAEP), la production annuelle d’amidon de manioc est estimée à 250 000 tonnes, ce qui représente une valeur marchande d’environ 149 milliards FCFA (250 millions USD). Ce secteur emploie directement environ 30 000 personnes et indirectement plus de 100 000 autres à travers la chaîne de valeur.
D’après un rapport publié par Atlas mondiale de données, les produits sans gluten et écologiques gagnent en popularité sur les marchés asiatiques et européens. Le Bénin pourrait augmenter ses exportations d’amidon de manioc et ses dérivés en ciblant ses marchés, générant ainsi des revenus supplémentaires. Actuellement, les exportations de produits dérivés du manioc rapportent environ 50 millions USD par an, avec un potentiel de croissance significatif si les infrastructures et la production sont améliorées.
Pour maximiser les avantages économiques de l’amidon de manioc, le Bénin pourrait développer des infrastructures modernes de transformation. Cela inclut des installations de production d’amidon, de fabrication de bioplastiques et des unités de production de cosmétiques et produits pharmaceutiques à base d’amidon. Des collaborations avec des entreprises internationales pourraient apporter les technologies nécessaires pour améliorer la qualité et la compétitivité des produits béninois sur le marché mondial.
Il faut aussi savoir qu’au Bénin, le développement de cette industrie nécessite également un soutien aux agriculteurs locaux via des formations sur les techniques de culture du manioc, des subventions pour l’achat de matériel agricole moderne et l’amélioration des infrastructures de transport pour acheminer le manioc vers les usines de transformation. Malgré les opportunités offertes par la filière manioc, il reste des défis à relever pour garantir un rendement optimal.