PROFESSIONNALISATION DE LA PÊCHE AU BÉNIN : L’instrument d’un développement et d’une structuration durables
Au Bénin, la pêche est une activité principalement pratiquée par les communautés lacustres. Contrairement dans d’autres pays où l’activité est un secteur dynamique et structuré, contribuant significativement à l’économie et au développement national, elle serait confrontée à plusieurs défis sous nos cieux.
Innocent AGBOESSI
Le Bénin, avec ses vastes ressources en eau douce et marine, possède pourtant un potentiel considérable pour développer ce secteur. La professionnalisation de la pêche pourrait être un levier important pour le développement économique, social et démographique du pays.
Le Bénin bénéficie d’un littoral de 121 km et de plusieurs plans d’eau intérieurs, dont le lac Nokoué, le fleuve Ouémé et le lac Ahémé. Malgré ces atouts, le secteur de la pêche reste sous-développé et peu structuré. Selon les statistiques de la FAO, la production annuelle de poissons au Bénin est estimée à environ 40 000 tonnes, alors que la demande intérieure s’élève à plus de 100 000 tonnes par an. Cela entraîne une dépendance accrue aux importations, qui coûtent au pays plus de 50 millions de dollars chaque année.
Les grands défis
La pêche au Bénin est principalement artisanale, pratiquée par environ 80 000 pêcheurs qui utilisent des techniques traditionnelles. Ces méthodes limitent non seulement la productivité mais aussi la durabilité des ressources halieutiques. Les pêcheurs locaux font face à plusieurs défis, notamment le manque de formation professionnelle, l’absence d’infrastructures adéquates et un accès limité aux financements. Force est aussi de constater que la pêche est considérée comme un métier traditionnel transmis de génération en génération parmi les habitants des communautés lacustres. Les jeunes, quant à eux, la considèrent majoritairement comme un métier dévalorisé et risqué, surtout lorsqu’ils ne savent pas nager, ou la voient comme une occupation destinée uniquement aux villageois lacustres.
Professionnalisation, un levier important
La professionnalisation de la pêche pourrait apporter plusieurs avantages au Bénin. Sur le plan économique, une pêche mieux organisée et plus productive pourrait réduire la dépendance aux importations, générer des emplois et augmenter les revenus des pêcheurs. Socialement, elle pourrait améliorer les conditions de vie des communautés lacustres et réduire la pauvreté dans les zones rurales. Il faut noter également qu’au niveau de la démographie, la stabilisation et l’augmentation des revenus pourraient freiner l’exode rural et encourager les jeunes à rester dans leurs régions d’origine.
Pour y parvenir, plusieurs actions doivent être envisagées comme la formation des pêcheurs sur les techniques modernes de pêche durable et de gestion des ressources. Le gouvernement, en collaboration avec des partenaires internationaux, pourrait mettre en place des programmes de formation et de soutien technique. Il est également nécessaire de développer des infrastructures adéquates, telles que des ports de pêche, des marchés et des unités de transformation. Cela faciliterait la commercialisation des produits de la pêche et augmenterait leur valeur ajoutée.
L’accès aux financements doit être amélioré. Des fonds et des crédits spécifiques pour les pêcheurs pourraient être créés pour les aider à moderniser leurs équipements et à augmenter leur productivité. Une meilleure organisation du secteur, avec la création de coopératives et d’associations de pêcheurs, permettrait de renforcer leur pouvoir de négociation et d’améliorer leurs conditions de travail.
La professionnalisation de la pêche au Bénin représente une opportunité majeure pour le développement du pays. En structurant ce secteur et en le dotant des moyens nécessaires, le Bénin pourrait non seulement améliorer la vie de ses pêcheurs, mais aussi renforcer son économie et sa résilience face aux défis démographiques et sociaux. Il est temps de valoriser ce secteur et d’exploiter pleinement son potentiel pour un développement durable et inclusif.