COP29 : L’Afrique en quête de souveraineté climatique face aux enjeux mondiaux
La plus grande conférence sur le climat va s’ouvrir ce lundi. Il s’agit de la 29e édition de la Conférence des Parties (COP) qui va se dérouler du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan. Elle va réunir 197 États membres (ou « parties ») de la Convention-cadre des Nations Unies (CCNUCC) qui représentent la quasi-totalité des pays du monde. Parmi les voix les plus attendues, celle de l’Afrique, qui cherche à affirmer ses priorités spécifiques et ses droits en matière de transition écologique.
Justin ADANDE
Reçu dans la Semaine de JA sur RFI, l’analyste François Soudan a abordé les enjeux de l’Afrique à cette conférence.
Pour lui, la place de l’Afrique au sein de la conférence sur le climat est plus cruciale que jamais, comme l’illustre la participation attendue de plus de vingt chefs d’État africains. Il a précisé que l’objectif général reste le même. « Il s’agit pour l’Afrique de s’approprier son processus de transition verte plutôt que de la voir dicter de l’extérieur. Il s’agit aussi d’imposer son propre narratif sur l’énergie, l’insécurité et l’énergie. Il s’agit de se voir attribuer des financements pour l’adaptation au changement climatique et à la transition énergétique ».
Alors que la COP29 s’annonce avec une détermination à agir pour le climat, avec des engagements et des solutions qui pourraient non seulement réduire les émissions de carbone, mais aussi permettre de construire un avenir plus juste, plus vert et plus résilient pour tous, l’analyste a estimé que l’Afrique risque d’avoir du mal à faire avancer ses priorités, il est plus que jamais urgent de réformer le système des crédits carbone.
Mieux, il a ajouté que « L’Afrique doit sortir du greenwashing imposé par les multinationales ».
Afrique engagée pour l’approbation de son processus vert !
De Cop en Cop, depuis des années, l’Afrique se bat pour s’approprier son processus de transition verte, un enjeu d’autant plus vital que les décisions mondiales sur le climat tendent souvent à être imposées de l’extérieur. L’invité a fait savoir que pour cette édition, cette question d’appropriation du processus de transition verte sera abordée. Mieux, le continent africain va chercher à établir un narratif qui lui est propre, articulé autour de ses priorités spécifiques : énergie durable, sécurité climatique, mais aussi accès aux financements pour l’adaptation et la transition écologique.
A cette Cop29, les dirigeants africains qui représenteront le continent vont réclamer notamment des financements à hauteur des besoins réels. Selon les explications de François actuellement, le montant mobilisé par les pays développés pour la finance climatique en direction des pays en développement avoisine les 120 milliards de dollars par an. Cependant, les besoins sont évalués à près de 2 400 milliards de dollars annuels d’ici 2030, dont 1 300 milliards destinés uniquement à l’Afrique. Face à ce déséquilibre financier, les pays européens et américains plaident pour un élargissement de la base des contributeurs aux fonds climatiques, notamment en y intégrant les « nouveaux pollueurs » comme la Chine, l’Arabie Saoudite, et la Russie. Ces nations, ayant augmenté leurs émissions de gaz à effet de serre, sont perçues comme de nouveaux acteurs pollueurs qui devraient, selon certains, être soumis à un accord contraignant pour financer l’adaptation climatique des pays vulnérables, dont de nombreux pays africains.
Cependant, dans le contexte de la COP29, le rapport de force pourrait ne pas favoriser l’initiative des « nouveaux pollueurs » comme la Chine, l’Arabie Saoudite, et la Russie, a-t-il ajouté.