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CHAINE DE VALEUR MANGUE FRAICHE : Les acteurs enregistrent d’énormes manques à gagner faute d’organisation de la filière au Bénin

 CHAINE DE VALEUR MANGUE FRAICHE : Les acteurs enregistrent d’énormes manques à gagner faute d’organisation de la filière au Bénin

La filière mangue au Bénin connaît une importance croissante, tant sur le plan national que sur le marché régional. Les fruits les plus cultivés et exportés par le pays contribuent ainsi à la création de revenus pour les agriculteurs et à la dynamisation de l’économie locale. Malgré ces succès, la gestion des mangues non vendues reste un défi crucial. Des quantités significatives de mangues invendues se retrouvent gaspillées sur des tas d’ordures, entraînant des conséquences environnementales et économiques préoccupantes.

Des mangues invendues jetées sur un tas d’ordures

Cédric Joawo BAKPE

Le pays cultive différentes variétés de mangue, notamment la Kent, le Gouverneur, l’Amélie et l’Keitt. Chaque variété a ses propres caractéristiques en termes de goût, de texture et de période de maturation. Chaque campagne, l’État subventionne la plantation de manguiers (Kent et Amélie) pour permettre aux producteurs d’avoir accès à des plants de qualité, gage d’une bonne production, même si l’entretien à temps des vergers reste un enjeu crucial. Selon Angèle Tawari, transformatrice de produits agroalimentaires, un verger bien entretenu permet aux acteurs de la chaîne de valeur de la transformation de la mangue d’avoir des mangues de qualité pour la transformation. Cependant, l’accès aux produits phytosanitaires homologués constitue une grande difficulté pour les producteurs de mangue, selon Saou Salifou Safandi, un producteur de mangue.

Des mangues exposées pour la commercialisation

Disponibilité des mangues sur le marché

La saison des mangues s’étend généralement de mai à septembre, offrant une large gamme de variétés aux consommateurs. Ainsi, les mangues sont largement disponibles sur les marchés locaux au Bénin, offrant ainsi aux consommateurs locaux un accès direct à ce fruit délicieux et nutritif. Ces mangues sont étalées aux bords de grandes voies, dans les grands marchés ou même dans les petits coins des quartiers. Comme pour dire que lorsque c’est la saison des mangues, il y a toujours une abondance de ce fruit sur le marché.

Outre les exportations de mangues fraîches, les entreprises locales produisent des jus de mangue, des purées, des confitures et des mangues séchées, ajoutant ainsi de la valeur à la filière. Cette diversification des produits permet d’exploiter pleinement le potentiel économique de la mangue béninoise.

Malheureusement, ni la consommation de la mangue fruit ou de la mangue transformée n’arrivent pas à absorber toute la quantité de la mangue existante sur le marché en cette période d’abondance. Cela entraine un autre problème lié à la gestion post-récolte. Une commerçante de mangue au marché Dantopka confie que lorsqu’elle remarque des mangues gâtées sur son étalage, elles n’hésitent pas à les jeter à la poubelle. Et c’est ce que fait la plupart d’entre elles. Finalement,les mangues qui ne répondent pas aux exigences esthétiques du marché ou qui ne sont pas vendues rapidement se retrouvent souvent délaissées.

Des répercussions néfastes sur l’environnement

Faute de solutions de conservation adéquates et d’accès aux marchés, les mangues finissent par se gâter et sont souvent jetées sur des tas d’ordures. Ce gaspillage alimentaire a des répercussions néfastes sur l’environnement, tout en représentant une perte économique pour les agriculteurs et les transformateurs. Le sujet occupe une place de choix dans le thème du doctorant Sanvi Edgard Couao-Zotti qui est : contribution des médias publiques à la construction d’une culture environnementale. Il voit les conséquences sous deux angles : positives et négatives.  Pour lui, Sur les tas d’ordures, quand passent des déréglés mentaux par exemple, ils fouillent et vite, ils trouvent un morceau à croquer. « Ce qui peut paraitre bien pour eux mais anormal pour les gens normaux », dit-il. Aussi, il ajoute que lorsque

« ces mangues pourrissent complètement, elles donnent du potassium qui nourrissent le sol. Les pépins peuvent se régénérer pour donner des plants que d’autres personnes peuvent replanter. »

Par contre, il reconnait que jeter les mangues invendues ou gâtées sur des tas d’ordures, ou ailleurs causent du tort à l’environnement. 

Pour remédier à ce gaspillage, des initiatives de valorisation des mangues invendues doivent émerger au Bénin. Des partenariats entre les agriculteurs, les transformateurs et les organisations locales doivent être mis en place pour trouver des solutions créatives pour permettre de réduire le gaspillage tout en offrant de nouvelles opportunités économiques. Cela inclut d’abord une collaboration étroite entre tous les acteurs de la filière. Les agriculteurs doivent être formés aux bonnes pratiques de récolte, de stockage et de transport pour minimiser les pertes. Les transformateurs doivent investir dans des technologies de transformation efficaces et durables pour valoriser les mangues invendues. Les gouvernements et les organisations pertinentes doivent soutenir ces initiatives en fournissant des infrastructures de traitement des déchets et en promouvant la sensibilisation sur le gaspillage alimentaire. L’espoir réside dans la plateforme d’innovation mangue mise en place par le CORAF, en collaboration avec les autorités publiques, qui pourrait apporter des solutions concrètes à ces problèmes. Il est crucial de promouvoir une filière mangue respectueuse de l’environnement et économiquement viable, afin de minimiser le gaspillage alimentaire et de créer de nouvelles opportunités économiques pour tous les acteurs impliqués.

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