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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

EDGAR MAXIME DEGUENON SUR LA CONSOMMATION RESPONSABLE : « Les nations qui se sont développées ont mis l’accent sur la consommation des produits qui … »

 EDGAR MAXIME DEGUENON SUR LA CONSOMMATION RESPONSABLE : « Les nations qui se sont développées ont mis l’accent sur la consommation des produits qui … »

La consommation responsable demeure une préoccupation majeure dans notre société moderne. De nos jours, plusieurs personnes accordent peu d’attention aux différents aspects liés à leur alimentation et la provenance des produits n’a plus autant d’importance pour eux. Nous avons alors pris sur la question, l’avis de Edgar Maxime DEGUENON, Fondateur et Coordonnateur des opérations de AMAP-Bénin, une coopérative qui produit et distribue essentiellement en circuit court des produits agricoles, cultivés et transformés selon les normes de production et de transformation écologique, des produits certifiés Bio SPG.

 

Edgar Maxime DEGUENON, Fondateur et Coordonnateur des opérations de AMAP-Bénin

 

Rébécca Kafoui KANSOU

LE RURAL : Il y a plusieurs années que vous vous investissez dans la production durable, partagez un peu votre expérience avec nous.

Edgar Maxime DEGUENON : Je fais partie de ceux qui pensent que ce qui est destiné à notre organisme en matière d’alimentation, doit forcément être de qualité pour limiter ou pour éviter que nous consommons des aliments pour nous retrouver soit à l’hôpital, soit à la pharmacie. Alors, j’ai dû prendre des dispositions pour faire partie des acteurs qui fournissent à la population béninoise les meilleurs produits qui sont souvent cultivés selon les normes de production biologique ou qui sont transformés en respectant les règles d’hygiène et de transformation agroalimentaire.

  • Pourquoi pensez-vous qu’il est important de promouvoir la consommation responsable au Bénin et en Afrique ?

Déjà l’expression ‘’Consommation responsable’’ fait référence à tous ceux qui sortent de l’argent pour acheter quelque chose de revoir leur mode d’achat; vers quel marché ils doivent se diriger ; quel type de produit ils doivent adopter et pour quelle raison ils doivent adopter telle ou telle catégorie de produit. Souvent, on ne s’en rend pas compte mais les consommateurs ont un pouvoir terrible d’influence sur la qualité des produits et sur la gestion des marchés des produits agricoles en général.

  • Pensez-vous que les consommateurs font attention à ces détails liés à leur alimentation ?

J’avoue que de manière générale les consommateurs font très peu attention à la qualité ou à des critères pour acheter leurs produits. Bien sûr, il y a une partie infime qui fait attention mais de façon générale, c’est beaucoup plus le rapport ‘’Prix et Quantité’’ qui motive les actes d’achat. Qui est-ce qui a produit cela ? Comment est-ce qu’on l’a produit ? ou Comment est-ce qu’on l’a transformé ? …ils ne se posent pas ces questions. Donc, c’est quand même important que les consommateurs en tiennent compte dans leur acte d’achat, qui est un acte plus ou moins souverain parce qu’il s’agit de leur pouvoir qu’ils exercent sur le marché, sur les translations commerciales au niveau des marchés agricoles.

  • Pour agir en consommant de façon responsable, il faut se baser sur des critères. Dites-nous, quels sont ces critères ?

Il faut affirmer que les nations ou les continents qui se sont bien développés et qui s’appellent aujourd’hui pays émergents ont mis l’accent sur la consommation des produits qui sont fabriqués ou qui sont cultivés chez eux. Donc, il y a le critère de la zone de production ; on privilégie les produits qui sont cultivés ou transformés dans son pays.

Deuxième critère, il y a la façon dont les produits sont cultivés ou transformés. On va parler entre autre des règles de production biologique et écologique. L’autre critère est lié aux espaces sur lesquels on achète ces produits. De façon générale, nous privilégions une commercialisation classique que nous appelons ‘’Circuit long’’, où du producteur au consommateur, il y a plusieurs intermédiaires. Chacun ajoute sa commission, ce qui est normal dans le commerce. Mais au finish, ça fait que les prix de revient de ces produits ne sont pas toujours à la portée des consommateurs. Nous demandons donc aux consommateurs de privilégier les ‘’Circuits courts’’ pour s’approvisionner et quand on dit ‘’Circuit court’’, c’est du Producteur/Transformateur/Eleveurs aux consommateurs sans intermédiaire ou le moins d’intermédiaire possible.

Pensez-vous que la production locale a aussi d’autres avantages en consommant local ?

La consommation des produits locaux a d’autres avantages qui sont le renforcement de l’économie locale et nationale. Plus vous injectez dans l’économie locale en encourageant les agriculteurs, les transformateurs/transformatrices, les éleveurs locaux, ça renforce énormément l’économie locale plutôt que d’envoyer des devises à l’extérieur, d’envoyer de l’argent aux agricultures d’ailleurs pour des produits qui sont cultivés dans les terroirs du Bénin.

  • Les gens ont souvent recours aux produits extérieurs parce qu’ils estiment que les produits locaux sont souvent peut-être chers, qu’en pensez-vous ?

C’est vrai, c’est le propre des consommateurs béninois. Mais, je pense qu’ils doivent pouvoir reconsidérer leurs positions pour la simple raison que de façon générale tout ce qui est importé nous maîtrisons peu les origines, les additifs utilisés, les produits imités qu’on nous envoie puisque ces produits nous inondent sur nos marchés. Parfois certains de ces produits ne sont pas authentiques, ce sont des produits falsifiés.  Il y a par exemple des laits qu’on envoie pour dire que c’est du lait d’origine animal alors qu’on se rend compte que ce sont des produits synthétiques. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Il y a également des produits hautement toxiques et même cancérogènes qui sont utilisés pendant la phase de production ou de transformation. Et nous consommateurs, nous ignorons tout de ce qui se fait, d’où l’importance d’adopter les produits locaux où on a la possibilité d’interroger les producteurs, les transformateurs et les éleveurs sur la façon dont ils produisent. A travers des ‘’Journée Ferme Ouverte’’ ou ‘’Journée Unité Ouverte’’ nous avons la possibilité de dialoguer et échanger sur la manière dont les choses se font sur les produits destinés à notre organisme.

 

  • Pensez-vous que les consommateurs responsables devraient se concentrer davantage sur l’aspect écologique ou économique de leur consommation ?

Oui ! C’est important qu’ils se focalisent sur les aspects écologique et biologique mais il y a également d’autres paramètres comme les espaces sur lesquels on achète. Il vaut mieux privilégier les marchés paysans, privilégier les rapports de consommateurs à producteurs de façon directe pour limiter le plus possible les longs intermédiaires.

  • Dans quelle mesure l’information sur les lots de production influence les habitudes de consommation responsable ?

L’information influence les habitudes de consommation responsable parce que si nous avons des produits de qualité, si nous avons des enjeux environnementaux, il n’y a que quand les populations ont l’information qu’elles peuvent progressivement changer. C’est en cela que je loue les efforts de beaucoup d’organe de presse dont LE RURAL, qui ne ménagent aucun effort pour que la bonne information sur la façon dont on produit, la façon dont on transforme, dont on fait l’élevage au niveau du Bénin puisse être portée à la connaissance du grand public. Donc l’information est capitale pour montrer qu’il y a des efforts qui sont faits au niveau des acteurs directs (Producteurs, Transformateurs et Éleveurs).

  • Pour finir, quel espoir avez-vous par rapport à la consommation responsable ?

C’est un avenir radieux. Mais je pense qu’en matière de communication, le terrain est encore presque vierge. Il faudra communiquer suffisamment pour que le plus grand nombre de béninois soit conscient donc des enjeux environnementaux, de souveraineté alimentaire pour que avec autant d’atouts que nous avons, nous puissions augmenter nos rendements par filière pour que le Bénin puisse s’auto-suffire mais également puisse fournir de l’alimentation dans la sous-région et ailleurs.

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